La leçon de Benoît XVI

29 septembre 2007

L’information est passée quasiment inaperçue, du moins dans notre île. Un petit entrefilet dans notre “grande” presse locale en coin de page “monde” en a discrètement fait état le 20 septembre dernier.
Pourtant, la nouvelle ne manquait pas d’intérêt. Voyez plutôt.
Une dame - mais pas n’importe laquelle, comme dit la chanson de nos cours de récréation - fait savoir au Vatican (rien que ça !) qu’elle a «  absolument besoin de rencontrer le pape  ». Elle doit se rendre au Proche-Orient et une sorte de “bénédiction papale” qu’une telle rencontre, croit-elle, lui donnerait n’est pas de trop quand elle sera face à ses interlocuteurs de là-bas.
La dame en question n’est pas n’importe qui. Et elle ne représente pas n’importe quoi ! Elle s’appelle Condoleezza Rice et elle est Secrétaire d’État américaine. Elle est la conscience et la voix de Georges W. Bush, « le Président s’en-va-t-en-guerre » des USA.
Face à l’« absolument besoin de rencontrer le pape » communiqué depuis Washington par la pétulante Condoleezza qui a l’habitude de faire trembler plus d’un aux Amériques et dans le Monde Tiers, qu’ont répondu les services du Vatican ? Que « malgré l’insistance » de la dame, le protocole du Vatican restait inflexible : le pape est en vacances... C’est la réponse officielle.
Et Madame Rice a dû se contenter d’un échange téléphonique avec le Cardinal Bertone, comme elle simple Secrétaire d’État au Vatican. Et la presse italienne, davantage pro-papale que pro-amerloque, de rajouter, non sans malice, que le Cardinal se trouvait alors aux États-Unis, à Nashville précisément. Décodage : la moindre des convenances quand on se trouve en territoire étranger, veut qu’on réponde à toute demande des autorités locales, surtout gouvernementales... C’est donc pourquoi Madame la Secrétaire d’État a eu son rendez-vous téléphonique.
N’empêche. Un pape qui, au motif qu’il est en vacances, refuse de recevoir quelqu’un qui a « absolument besoin de le rencontrer », même si le quelqu’un en question est une américaine, et pas n’importe laquelle - voilà qui, n’est-ce pas, fait désordre.
Sauf si on se dit que Benoît XVI, sous ses airs de tranquille pape qu’on a cru de transition, n’est peut-être pas tombé de la dernière pluie et qu’il sait faire la distinction entre la recherche sincère d’absolution émise par une quelconque pécheresse à la conscience lourde et les calculs d’une tigresse belliqueuse qui veut se faire moralement sponsoriser. Benoît XVI, manifestement, n’est riche que de sagesse... Que Dieu nous le garde ainsi.

Raymond Lauret


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Messages

  • Dans ce monde athées, l’homme est une bête religieux de part sa tradition, mais quand quelqu’un(e) exprime sa foi on essaye de la démolir ; je dirait c’est la nature de l’être humain. d’abord on enlève la poutre dans son oeil ensuite celle de son voisin, celui qui se dit j’ai rien à me reprocher se fait menteur.


Témoignages - 80e année


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