La parole d’un curé...

26 juillet 2005

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“Antenne Réunion” avait ce dimanche 24 juillet, fait le tour de quelques églises, au moment même où en Grande-Bretagne, les fidèles étaient invités à prier pour que cessent ces attentats qui causent tant d’innocentes victimes. Qui ne s’associerait pas à une telle démarche ? Qui ne s’y est pas retrouvé, presque instinctivement et à sa manière, à implorer les forces qui éclairent l’humanité pour que tous nos comportements convergent vers le respect de la vie d’autrui ?

C’est manifestement pour retrouver ce type de communion que le caméraman de la station dionysienne était venu à l’église Saint-Jacques où, dans son homélie dominicale, le Père Bernachon, ô surprise, ne dit pas un seul mot des attentats que les forces du mal ont commis à Londres et en Égypte...

Interrogé par le journaliste qui ne chercha pas à dissimuler son étonnement devant ce qui pouvait paraître comme un oubli voire une négligence du serviteur de Dieu, le Père Jean Bernachon, calmement, avec la sagesse de ceux qui ont appris à ne pas extérioriser leurs émotions, avec la philosophie de ceux qui s’imposent d’aller plus loin que leurs seuls ressentis, lentement donc, Jean Bernachon répondit ceci, je le cite de mémoire : "Les choses ne sont pas aussi simples que cela. Tout n’est jamais tout blanc, tout n’est jamais tout noir. Lorsque l’Irak a été bombardé, l’on a rien dit... Les choses ne sont pas simples."

Je ne doute pas que ces paroles du curé de Saint-Jacques ont invité beaucoup de ceux qui les ont entendues, à dépasser la légitime émotion que nous ressentons, quand nous avons sous les yeux les images de ces hommes et de ces femmes gravement blessés ou déchiquetés par l’explosion des bombes, que des kamikazes s’étaient ceinturées pour qu’ils soient certains de la réussite de leur folle entreprise.

Toutes les télévisions du monde n’ont pas toujours pu montrer les corps déchiquetés de membres de familles entières, là où des bombardiers ont lâché, sur ordre de responsables politiques de pays civilisés et en costumes et cravates, des dizaines de milliers de bombes bien plus puissantes et tout autant dévastatrices de vies et de biens humains.

J’ai senti dans la voix quelque peu désabusée du Père Bernachon qu’il nous demandait de nous interroger sur la responsabilité dans les attentats de Londres, de Madrid ou de Charm El-Cheik, de ceux-là qui, pour capturer Saddam Hussein et sa clique, ont tellement mutilé d’hommes, de femmes et d’enfants irakiens qui ne demandaient qu’à vivre dans leur pays. Comme ces hommes, ces femmes et ces enfants de Londres, de Madrid ou de Charm El-Cheik, dont nous avons vu les corps ensanglantés et sans vie.

Car la guerre, celle que font les gens des pays avancés autant que celle à laquelle se livrent “les barbares”, reste la conséquence d’une florissante industrie dont on ne sait que trop bien qui elle enrichit et surtout, dont on publie bien trop rarement le chiffre d’affaires.

R. Lauret


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