La plus grosse des malédictions...

5 septembre 2005

Le petit mot de 5 lettres m’a échappé quand, samedi aux premiers rayons de soleil, je terminais la lecture de l’éditorial de Jacques Tillier. J’avais tellement rêvé que la lutte des sans abris s’était trouvé, dans notre île, un Abbé Pierre sans tâche, tant, je le crois, ce combat a bien besoin d’avoir son parangon... Mon copain Yvon Virapin samedi après-midi m’a confirmé qu’il n’y a hélas sans doute pas de fumée sans feu.
Le combat que mène l’association “Momon, papa lé là” a toute sa place à La Réunion en une époque où on “découvre” subitement que des familles entières s’entassent dans des logements insalubres qui prennent le feu à la moindre imprudence ou tout simplement à cause de très prévisibles courts-circuits ! C’est dans Paris que ça se passe, en 2005 !!!
Le combat que mène cette association a toute sa place à La Réunion en ces temps où le nécessaire “logement de service” a trop tendance à devenir “résidence de fonction”, espèce d’index d’une légale dérive dont certains clans se sont mis à considérer qu’ils devaient en bénéficier, la piscine jaccuzi n’étant pas toujours considérée comme excessive ni de trop.
Ce combat a besoin d’être mené parce que personne ne peut approuver la brutalité des forces de l’ordre telle que nous avons pu la voir à l’œuvre sur nos écrans de télévision et telle que l’ont vécue les squatters des immeubles des 14ème et 19ème arrondissements de Paris, au motif qu’ils sont des "occupants sans droit ni titre"...
Ce combat a besoin d’être mené parce que l’indifférence ou l’acharnement ne sont pas acceptables et parce que ce n’est là qu’ "une réponse dure du gouvernement à l’absence de réponses au manque de logements" pour certains en même temps que d’autres s’enrichissent - en toute légalité - dans des opérations spéculatives et défiscalisées, encouragées donc par la puissance publique.
Nous sommes quelques uns, vendredi et samedi, revoyant et revivant l’expulsion de Kané (7 ans), de Moui (6 ans et demi), d’Assita (9 ans), de Oumou (13 ans) et de Dioh Camara (leur maman), à nous être sentis Maliens et Africains et à nous demander de quel ministère a bien pu venir l’ordre de monter à l’assaut... pour nettoyer au kärcher ! Certes, ces gens étaient dans l’illégalité. Mais avaient-ils (et ont-ils) cessé alors d’être des êtres humains ?
J’ai pour ma part pensé que la plus grosse des malédictions qui peut nous tomber dessus, ce serait d’avoir à choisir, au 2ème tour de la présidentielle de 2007, entre Le Pen et celui qui a été capable de donner un tel ordre... Si une telle hypothèse devait se concrétiser, je n’aurai pas d’autre choix, ce dimanche là, à jouer les déserteurs et à laisser à “d’autres” le soin de présider mon traditionnel bureau de vote.

R. Lauret


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