La race des bandits...

21 avril 2006

Bruno Testa, qui signe cinq fois par semaine un remarquable “billet doux” dans le “JIR”, évoquait hier la chute du sieur Bernardo Provenzano que la police italienne vient d’arrêter quelque part en Sicile.
Ce monsieur a été surpris au moment où, dans une petite et forcément tristounette masure, il était silencieusement affairé à faire cuire lui-même son dîner dans une vieille marmite, non loin du lit fort mal matelassé dans lequel, depuis de bien longues lurettes, il attend désormais chaque nuit à côté de son chien que le jour se lève à nouveau au bout de répétées insomnies qui ont brisé à jamais sa fougue d’antan.
Bernard Provenzano était encore il y a une quarantaine d’années “le Parrain des Parrains”, autrement dit le chef incontesté de la mafia italienne. Il régnait avec l’autorité de ceux qui ignorent le respect de la vie des autres sur une bande de malfrats et “gérait” une fortune amassée dans le sang et la cocaïne que les gens avertis estiment à 100 milliards, de lires, de francs, d’euros, cela n’a pas grande importance...
Traqué par la justice et la police italiennes, abandonné par ses anciens amis, du moins par ceux d’entre eux qui ont encore sévi ou qui sévissent toujours, le superbe devenu pitoyable va donc dormir pour le restant de ses jours sur un matelas un peu plus confortable dans une prison où il n’aura plus besoin d’allumer lui même un feu de bois pour que cuise son repas quotidien.
Bruno Testa tire de cette histoire les deux leçons qu’il a voulu y voir : toutes deux ont trait à son “petit linge” que le caïd déchu faisait lessiver à quelques pas de là par une vieille dame de sa famille, ce qui a mis la puce à l’oreille des fins limiers de la justice ritale...
Pour ma part, j’y vois une autre vérité. Bernardo Provenzano appartient à la race des bandits que l’on jette en prison dès lors qu’on les a attrapés. Et ce n’est là que normale chose. Il n’appartient pas à l’autre race de bandits, qui ne courent pas les rues certes, mais qui “candidatent” aux élections générales en Italie, qui “colonisent” l’économie et les médias de leur pays, qui paradent avec des bandes bien en cour qui leur assurent toutes les entrées et donc toutes les insolences. Ces bandits possèdent tout ce qu’il leur plaît d’avoir. Ils deviennent même un jour chef de gouvernement... jusqu’à ce que le peuple, qu’ils ne croient pas couillon jusqu’à vouloir les renverser, les renvoie à leurs chères valeurs. Mais pas, hélas, là où ils auraient dû rejoindre Bernardo Provenzano, leur semblable en bien des points...

R. Lauret


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