La stratégie des Italiens : mais tout y est !

16 avril 2005

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L’affaire de la construction de la chaudière de l’usine du Gol nous projette dans l’ère de la mondialisation des services. Si le lot béton, gros œuvre et VRD a été attribué à la G.T.O.I., société installée à La Réunion, le lot de la chaudière l’a été à la société italienne “Ansaldo” dont on peut penser qu’elle était la mieux disante. Il nous faudra nous habituer à voir des sociétés européennes de toutes nationalités répondre à nos consultations pour travaux publics, aux concours de concepteurs et autres. Les frontières sont tombées entre les États de l’Europe, des États qui sont aujourd’hui au nombre de 25. Nous serons sous le choc, mais il nous faudra bien nous faire une raison.
La stratégie des Italiens d’“Ansaldo” de faire appel à une société thaïlandaise pour réaliser tous les postes de soudure de son marché pourrait, il faut le dire, se révéler totalement légale s’il s’avérait que cette dernière est devenue une filiale sud-asiatique du groupe italien. Car on a peine à imaginer, qu’en pleine période de présentation aux populations de tous les États de l’Europe d’un projet de Constitution sur lequel il leur est demandé de se prononcer, l’Italie de Silvio Berlusconi exposerait son pays à la remontrance générale ! Parions donc que le partenariat Italie-Thaïlande est bien enregistré dans les tribunaux de commerce appropriés et qu’il a même été salué à l’époque en grandes pompes par les autorités transalpines.
Il est dans la logique de la mondialisation et des grosses multinationales que la filiale thaïlandaise apporte son concours, dans le cadre d’un chantier obtenu par “Ansaldo”, dans le domaine où elle est performante. Cette logique veut que, comme la filiale thaïlandaise a de très bons soudeurs, elle fournira donc, dans le cadre de son partenariat, des soudeurs.
À quel prix ? C’est la question !
Nous n’allons pas entrer dans le secret des discussions qui ont pu avoir lieu entre les parties. Disons, en ne prenant pas beaucoup de risques de nous tromper, que le coût de la main d’œuvre thaïlandaise a sûrement pesé fortement dans la balance. C’est la définition même de ce qu’Élie appelait, jeudi soir au Zénith, à Paris, "la concurrence libre et non faussée".
Difficile de ne pas voir ici la philosophie de la directive Bolkestein sur le "principe du pays d’origine". Sur le papier, nous n’y sommes pas encore. Mais dans les esprits des dirigeants des multinationales, ça y est depuis longtemps : "le principe du pays d’origine" n’est-il pas, comme l’a rappelé M. Mareck Belka, le Premier ministre Polonais, "un pilier de la directive Bolkestein qui, sans lui, serait vide" ? Ce même M. Mareck Belka n’a-t-il pas ajouté que : "Notre but ultime est une totale libération du marché" ?
Face à cela, il importe d’être prudents.
Dire “non” à une Europe qui serait le lit des multinationales et ignorerait la dimension sociale de la vie ne saurait suffire. Il faut savoir anticiper, et cela quel que soit le résultat du prochain référendum.
Pour la Route des Tamarins, il y a des gens qui ont pris l’initiative de s’interroger sur le type de main d’œuvre dont nous aurions besoin. Ils ont envoyé des personnes en formation.
Ainsi donc se dessine, avec précision, le contour de ce Comité de vigilance pour l’emploi dont l’intérêt apparaît mieux à de plus en plus de gens.

R. Lauret


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