La voilà, la voie à suivre...

23 juin 2007

Bien sympa ce SMS qu’un lecteur assidu de “Témoignages” m’a envoyé hier, dès que le soleil se fut installé pour sa trotte de la journée.
« La voie à suivre !!! », lançait depuis son portable et s’exclamant par trois fois ce fidèle critique de mes “Libres propos”. De quoi donc parlez-vous ? De ces artisans-artistes de grand talent qu’il faut soutenir ? Du CTR qui a bien raison de les associer à toute campagne de promotion de notre île ? A moins que vous nous invitiez ni plus ni moins à nous fondre dans les quotidiennes réflexions des deux petits poissons de Manu ? ».
Pierre-Yves Versini, mon copain qui écrit dans “Le Quotidien”, m’ayant assuré un jour - c’était à Canton, il y a deux ans - qu’il faut se rendre à l’évidence : les articles de nos journaux ne sont lus (lus, mais pour de vrai) que par une faible part de ceux qui disposent du journal. Chacun choisit sa rubrique, son journaliste, son centre d’intérêt ou de curiosité. Il ne lira pas ce qui ne s’y rapporte pas. Un simple coup d’œil lui suffira.
J’apprécie donc ces SMS qui m’arrivent parfois. C’est le (petit) signe qui fait qu’on continue, malgré que le temps est parfois juste ou que l’on doute après qu’on ait reçu le courrier anonyme qui a tenté son travail de sape.
Mais revenons à « la voie à suivre... » dont me parlait mon lecteur. Revenons-y volontiers.
Quand vous avez sous les yeux les trésors que réalisent les artisans des Métiers d’Art de La Réunion, quand vous constatez que vous n’êtes pas seul à qualifier de grandiose le spectacle que vous offrent ces pièces uniques sorties des mains magiques de nos compatriotes, quand vous sentez monter en vous un flot d’émotions parce que vous n’êtes pas insensible au plein de poésie qui déborde « du galet de nos rivières, du bout de bois de nos forêts ou du cuir de la carapace de nos tortues », vous avez une envie immense que le monde entier soit associé à cette capacité d’excellence dont savent parfois faire preuve votre île et ses habitants.
La semaine prochaine, à la galerie de la SEMA, au Viaduc des Arts à Paris, pas loin de la Bastille, quelque-uns des chefs d’œuvres des Métiers d’Art réunionnais seront confrontés à ce qui se fait de mieux dans toute la France. Ce n’est pas sans arrière-pensée que Pierre Chevalier et Marie-Françoise Brulé, respectivement Président et Directrice Générale de la Société d’Encouragement aux Métiers d’Art (SEMA), ont donné suite à la demande de leur délégué régional à La Réunion, notre ami Emmanuel Lemagnen. Une demande qui se projette dans notre avenir...
Notre production n’aura aucun mal à se hisser au rang des tout meilleurs de cette grande exposition. Elle sera - autant et sans doute plus que les autres - arrachée. Au bout de quelques dizaines de minutes, tout aura été acheté. Se pose alors la question : comment procéder pour que nos artistes puissent répondre à la demande quand ils sortent de l’île et se retrouvent dans un marché où la clientèle exigeante quant à la qualité et l’authenticité de ce qu’elle voit, est nombreuse et ne manque pas de moyens ?
Emmanuel, mais aussi Gérard Rangama de l’association “Soleil Réunion”, le savent bien : il est urgent - car désormais indispensable - que notre île dispose en Métropole d’un « lieu x  » dont la fonction sera plurielle, autour de l’organisation et de la structuration du stockage des produits réunionnais, de leur acheminement vers les expositions-ventes dans toute la France et l’Europe, leur promotion, voire leur commercialisation à partir d’Internet. Ce « lieu x  » aura à assurer la gestion de nos produits périssables et de notre production qui ne l’est pas. Il aura à veiller à ce que les exigences des lois rigides de l’économie ne relèguent pas au second plan celles davantage morales et philosophiques qu’impose le souci de l’authentique et du beau.
La voilà, « la voie à suivre ». La voie à suivre, pour se donner les moyens d’être soi chez les autres et vérifier que le poète a bien raison quand, les évoquant, il disait que nous devons avoir « des ailes pour nous enraciner et des racines pour nous envoler... ».

Raymond Lauret


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