Le devoir d’être aux côtés de Marco Boyer

18 octobre 2007

Admettons que ses dires sont vérité et que Emmanuel de Balman - vous vous souvenez, nous en avons parlé ici même - n’a pas fait « un mariage par intérêt » quand, le 28 février 2001, à la Mairie de Sanary-sur-Mer, le jour où il fêtait ses 42 ans, il a épousé Madame veuve Marguerite Giloux, âgée de 80 ans...
Admettons également que Emmanuel de Balman, quand il parle de son épouse dont il n’aura partagé la vie que pendant six mois et demi (elle décède le 18 septembre 2001), ne ment pas lorsqu’il affirme : « J’aimais ma femme et je l’ adore encore »...
Admettons encore cette autre évidence : d’après notre Droit actuellement en vigueur, Droit que des juges sans doute intègres et soucieux de le dire ne font que demander l’application, il n’est pas impossible que Emmanuel de Balman, devenu par le jeu de la mécanique du juridisme français le légataire universel de son épouse, soit effectivement, selon la loi, propriétaire de tout ce qu’il annonce sur un site spécialisé sur la vente et l’achats immobiliers sur Internet. C’est le “JIR” de ce jeudi qui nous en donne de croustillants détails. Lisez plutôt : « Trois beaux terrains constructibles à la Plaine des Palmistes, île de La Réunion. Situation calme, privilégiée, magnifique paysage, très vert. Deux terrains plats de 600 m2. Contacter le propriétaire M. Emmanuel de Balman. Merci... ». Et suivons Pana Reave, du “JIR”, dans son calcul : à ce prix (133 euros le m2), les 5 hectares de la Plaine et les 22 de Saint-François, c’est une petite fortune de 36 millions d’euros que Emmanuel de Balman a au bout de sa démarche. Démarche qu’il définit et résume en une phrase : « J’ai juré à Marguerite de tout faire pour virer ces énergumènes »...
Oui, admettons tout cela.
Reste que, en disant le Droit, notre appareil judiciaire ne rendra pas Justice à ceux que le petit Emmanuel, dont l’ancêtre, un des tout premiers habitants de La Réunion, n’était autre que « le Sieur de Balman de Montigny » (dixit Emmanuel de Balman, l’héritier de Marguerite Giloux, elle-même veuve d’André Crémazy, cette famille dont Pascal, avocat à Saint-Denis et décédé en 1889, fut “reconnu” comme étant le propriétaire de 5,5 hectares de terrain à la Plaine...), ceux que le petit Emmanuel donc qualifie « d’ énergumènes qu’il a juré à Marguerite de virer  », ceux-là donc ont le sentiment de ne point être des voleurs. Et de ne l’avoir jamais été.
Derrière ce sentiment, est en train de se développer une certitude : le droit sur la propriété foncière peut-il, en 2007, toujours prendre en considération les éléments qui le constituaient à une époque où l’on devenait propriétaire grâce au fait du prince ?
Marco Boyer, le Maire du petit village, a dit que, dans cette affaire douloureuse, il sera « toujours aux côtés des familles » menacées d’expulsion.
Nous ne surprendrons personne en prédisant que nous avons le devoir d’être à ses côtés. C’est bien la moindre des choses.
Car, vivement que l’indécente indélicatesse d’un nouveau propriétaire surgi au petit matin au bout de “testaments successifs” amène les autorités de la République à un décrassage d’une loi que l’opinion ne reconnaît plus comme support de la Justice...

Raymond Lauret


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Messages

  • La Réunion n’appartiendrait elle pas à ceux qui en revendiquent sa propriété ? quelle déconfiture pour nombres de projets publiques qui utiliseraient des terrains qui n’auraient pas appartenus à ceux qui les ont cédés aux collectivités....Vive la jurisprudence de Balman, et conseils aux réunionnais, courrez vite aux archives départementales et dans les offices notariés pour mieux analyser les successions du XVIII et du XIXè siècle...certains trésors sont encore à récupérer, avec le prix du foncier de nos jours ....
    Ne sommes nous pas membre d’une république dite de "droits" ?


Témoignages - 80e année


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