Le général Quorum...

19 décembre 2005

Au sein des diverses assemblées qui ont pour territoire la République française, qu’elles soient institutionnelles ou associatives, il existe un personnage fort redouté car capable, à lui tout seul de retarder, voire même d’annuler les réunions des plus importantes et donc de repousser à plus tard des prises de décisions pourtant urgentes. Les présidents les plus prestigieux, au charisme incontesté, doivent composer avec cet individu au réel pouvoir de nuisance : un individu qui peut, sans aucune crainte puisque s’adossant à la loi et au règlement, jouer au chat et à la souris avec les autres et faire perdre leur temps à des personnes qui se sont levées tôt, qui sont venues de loin et qui n’ont pas forcément “que ça à faire”.

Cet individu - qui peut être un homme ou une femme - c’est “le général Quorum”.

S’il n’est pas physiquement présent, assis autour de la table de la réunion convoquée, il n’y aura pas de réunion ! Ceux qui sont venus n’y pourront rien : il leur manque une présence pour que leurs décisions soient valablement enregistrées. Mais tout n’est cependant pas définitivement perdu : dans un délai de 3 ou 5 jours selon les cas, ils pourront à nouveau se réunir et alors, peu importe qu’il y ait des absents : on délibérera. Mieux : le fameux général pourra s’asseoir lui aussi à la table de réunion et, comme si de rien n’était, il pourra débattre, proposer, contester, approuver, en un mot comme en un verbe, participer à la décision dont il a pourtant, pour des raisons dont il n’est pas obligé de se justifier, retardé le moment.

Le quorum ? C’est le nombre de présents en dessous duquel certaines assemblées ne peuvent donc pas valablement délibérer. Et ceux qui se sont déplacés, parfois depuis l’autre bout de l’île ? Ils seront quittes à revenir dans 3 ou 5 jours... Mais, c’est dégueulasse !!! Oui, c’est dégueulasse, mais c’est légal. Allez circulez !!!

Il faut le quorum pour qu’une Commission d’appel d’offres puisse travailler. Et si en cours de séance, alors que les plis contenant les offres sont déjà ouverts, il arrivait qu’un départ impromptu (ou calculé) fait qu’il n’y a plus de quorum ? Eh bien, on doit tout arrêter, s’organiser pour continuer à assurer la confidentialité des offres et se retrouver trois jours après !!! Alors, alors seulement, on pourra délibérer, même si un seul membre était présent. Mais c’est stupide !! Oui, mais c’est légal. Allez exécution !!!

Mais pourquoi donc un élu - en principe homme ou femme responsable - éprouve-t-il le besoin de s’amuser à em... tout le monde ? Ne cherchons pas bien loin : dans la majeure partie des cas, il s’agit simplement d’une marque d’incivilité. On ne peut pas venir : on ne vient pas. Tout simplement, on vous dit ! C’est inadmissible !! Oui, c’est inadmissible. Et alors ? La prochaine fois, dans 3 ou 5 jours, selon le cas, vous pouvez travailler...
Question : ne faut-il pas changer cette loi dont on nous rappelle qu’elle est “fondamentale” et qu’elle ne saurait être “soumise” à la volonté d’une majorité ?
La réponse m’a été donnée : "hélas, non, c’est dommage, cela réglerait bien des problèmes, mais ce n’est pas possible".

Je me souviens qu’il y a quelques temps, dans une association (loi 1901, il est vrai), nous avions, mes collègues et moi, aboli toute notion de quorum. Notre argument : ceux qui ont des états d’âme ou qui ont tout simplement des problèmes avec la politesse et le respect des autres, ne doivent pas pénaliser ceux qui ont envie de bosser.

Faut-il préciser que, si les histoires de quorum dans les assemblées politiques sont parfois le fait de l’opposition, elles demeurent surtout et toujours celui de capricieux personnages.

R. Lauret


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