Le “JIR” et le “Quotidien” se sont donc dit “oui”

20 août 2005

La logique économique vient d’avoir raison de la rivalité, voire la guerre, que le “JIR” et le “Quotidien” se livraient jusqu’à maintenant à fleurets bien trempés dans du vitriol bien décapant. La démarche d’intelligence économique a prévalu et vient de faire que des concurrents ont choisi de s’entendre sur la fusion de leurs moyens pour en faire une force de production commune.
Par le biais de la participation croisée de l’une dans le capital de l’autre, les deux sociétés qui possédaient chacune l’un des deux mastodontes de la presse réunionnaise se retrouvent propriétaires à 49% du journal qui, hier encore, appartenait à la concurrence. Ce n’est pas du classique, mais c’est simple et en tout cas bien vu...
Tout ce qui relève du “matériel” est mis en commun : les rotatives et autres, les stocks de papier, d’encre et de tout ce qui entre dans le processus de fabrication d’un journal. Les services - et le système - de distribution des deux journaux seront vraisemblablement fondus pour être optimisés. On peut penser qu’il en sera de même pour la promotion et la commercialisation, la comptabilité, les commandes et la régie publicitaire.
Il n’y a pas d’autres mots : c’est de la belle intelligence économique. Avec son implacable logique : le regroupement qui permet de réaliser des économies d’échelle pour ne pas sombrer subitement un beau jour, alors qu’on se croyait en haut de l’affiche.
Tout a été mené de main de maître, jusque dans la discrétion qui a marqué la longue période de tractation qu’un tel (et spectaculaire) rapprochement suppose.
J’ai apprécié d’avoir été mis dans la confidence par un ami. C’était il y a trois semaines. Sans que cela ne m’ait été demandé, j’avais bien compris qu’il était convenable que je n’en fasse pas écho. Ce pacte non dit a été parfaitement respecté. Jeudi soir, sur le petit écran, Bruno Geoffroy et Christophe Tézier, les représentants des deux journaux, ont levé le voile et révélé au grand public l’opération, suscitant du coup quelques questionnements.
S’agissant des journalistes qui continueront les uns à appartenir au “JIR”, les autres au “Quotidien”, y a-t-il un risque que leur indépendance soit désormais bridée ? Il y a dans la profession suffisamment de bonnes (et fortes) personnalités pour qu’on puisse penser que toutes velléités “éditoriales” (improbables car stupides) pour contraindre la ligne de conduite rédactionnelle de ceux qui tiennent la plume seraient jugulées.
Cependant, on ne pourra pas rejeter indéfiniment d’un revers de la main l’opinion selon laquelle, très rapidement, il apparaîtra bien un jour aux directions des deux journaux qu’ils impriment aujourd’hui les mêmes articles et parfois les mêmes analyses sur des événements de politique internationale, voire de politique nationale, leur source étant les mêmes Agences de presse... Aboutirons-nous, à terme, à une “fusion” des deux titres en un seul, même si l’uniformité éditoriale peut être évitée, parce qu’elle aboutirait à créer l’ennui ? Ce qui n’est pas souhaitable. Il suffit de mesurer l’impact du “billet doux” quotidien de Bruno Testa dans le “JIR”, billet qui démolit sans concession et avec beaucoup de talent les politiques conservatrices et réactionnaires qui prévalent pourtant ici et là. Sans parler du fameux “édito” du samedi. Tout ça dans un journal qui fut mené par la main toute à droite d’un René Martin-Darène !
Mais de quoi je me mêle ? Même si, dès lors, il y a une large place pour un autre organe de presse, quotidien, militant, de moindre tirage sans doute que l’union des deux grands d’aujourd’hui, mais d’un tirage respectable qui assurerait, dans l’opinion, la réalité d’une presse à deux titres...
Je ne le cache pas : je pense ici au journal que le docteur Raymond Vergès créa en 1944...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus