Le Milan AC, le Vendredi saint et la sainte loi du fric

14 avril 2006

Ceux qui, au fil des temps, ont construit Rome et en ont fait la cité que l’on sait peuvent légitimement se retourner dans leurs tombes : au lendemain d’une élection législative aujourd’hui, c’est sur les trottoirs de la ville éternelle que l’on trouve des urnes et des centaines de bulletins de vote ! Et ne parlons pas du niveau auquel M. Silvio Berlusconi, fort de ses milliards d’euros de fortune personnelle qui lui permettent de se prendre pour plus César que le Jules de nos livres d’Histoire, a “élevé” la campagne électorale et les arguments qui en font les ingrédients !
Un malheur n’arrive jamais seul. Ne voilà-t-il pas que le président de la Ligue professionnelle de football italienne, un certain Adriano Galliani, par ailleurs également président du célèbre Milan AC, vient de décider que le derby opposant son club au grand rival l’Inter de Milan se jouera ce vendredi 14 avril !
À tous ceux qui lui ont suggéré de respecter, au pays de l’Église catholique, le Vendredi saint, notre président à la double casquette a répliqué que, le F.C. Barcelone jouant en championnat ce même vendredi (également saint en Espagne), il était hors de question que le Milan AC, en repoussant sa rencontre contre l’Inter au samedi, perde ainsi une journée de récupération. "Nous ne pouvions leur donner un avantage pareil (au FC Barcelone), a tranché Adriano Galliani. À ce niveau, un jour de repos supplémentaire change tout !".
La solution, bien sûr, eut été qu’en Espagne (catholique), on “respecte” l’esprit du Vendredi saint et que tout le monde joue son match samedi. Mais le football est aujourd’hui coaché par les impératifs d’horaires des chaînes de télévision qui lui rapportent une part essentielle de son chiffre d’affaires. Alors, au diable le saint vendredi, le Christ et sa croix, les fidèles en prière et processions !
Ce qui a amené le Cardinal Ersilio Tonini à une réaction des plus irritées : "L’insensibilité du monde du calcio est déconcertante, a-t-il déclaré. Même dans des pays moins traditionalistes comme l’Angleterre ou les U.S.A., personne n’aurait osé jouer un match aussi important qu’un “Inter” contre “Milan AC” le jour du chemin de croix. Il n’y a donc plus que l’argent qui commande. Ces dirigeants me font de la peine".
Qu’ajouter d’autre, en effet ?

R. Lauret


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