Le monument d’hypocrisie ...

30 octobre 2007

« Quand je serai grand, je serai vivant... ». Telle peut être l’ambition inconsciente du jeune enfant né aujourd’hui dans certaines régions de notre Terre où, à la sécheresse totale, certains rajoutent la conquête armée des territoires.
Dans un monde qui a du souci à se faire parce que nous vivons une accélération du phénomène de la démographie, « le capitalisme, pour survivre, transforme les consommateurs en acheteurs compulsifs et développe un ethos de l’infantilisation », explique Benjamin Barber (“Libres propos” d’hier lundi).
L’enfant est devenu une cible aisée... C’est en fait une proie toute trouvée, puisqu’il est bien connu que... tout parent ferait “n’importe quoi” pour déclencher le sourire de son petit “bout de chou”.
La pub - cette « corruption universelle » - joue en terrain béni. C’est « l’invasion des marques » pour créer « une fascination pour son univers émotionnel et amener le consommateur à l’intérioriser ». Et l’expression de Benjamin Barber (dans Comment le capitalisme nous infantilise , édité chez Fayard) prend toute sa dimension : « En donnant tout pouvoir aux enfants, écrit-il, le marché les corrompt et infantilise aussi les adultes et, finalement, éclipse le citoyen au profit du consommateur ».
La plus percutante des démonstrations qui montre que Barber dit vrai n’est-elle pas dans ce monument d’hypocrisie par lequel, par exemple, les producteurs de boissons alcoolisées sont, selon la loi, invités à accompagner leur publicité par une petite phrase qui, en langue créole de chez nous, donne «  Abuz pas l’alcool, lé pas sakifo  »... ? Car, dans le même temps, un fabricant de bière lance « par exemple l’opération “la glacière Phoenix” en grande distribution (qui) a particulièrement bien fonctionné ... » jusqu’à booster « les ventes de manière spectaculaire ». On le voit, le citoyen s’est éclipsé derrière et au profit du consommateur.
Croisons les doigts, touchons du bois, prions le ciel pour que les ambitions affichées au “Grenelle de l’Environnement” réussissent à modifier nos mentalités bien fragiles et “corruptibles” face au génie du capitalisme qui se déploie sans retenue quand il s’agit de survivre en prospérant.
Oui, croisons les doigts, touchons du bois, prions le ciel pour que, nos yeux étant aujourd’hui ouverts sur les entreprises de destruction de notre univers et de ses populations, nos esprits et nos volontés prennent eux aussi le même chemin. Afin que demain, l’ambition inconsciente de millions d’enfants ne se limite plus à être vivants quand ils seront devenus grands.

Raymond Lauret


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Messages

  • les peuples qui ont vécu sous le soleil radieux du communisme s’en sont surement débarassé en 1989 par masochisme !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Ils ne mesuraient pas assez l’étendue de leur bonheur !!!!

    un esprit libre


Témoignages - 80e année


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