Le Président, l’Union européenne et le cheval de Troie

11 mai 2007

Dans quelques jours, le mercredi 16 mai prochain, Nicolas Sarkozy succédera donc à Jacques Chirac. Le peuple, dans les urnes et au terme d’une participation massive, en a ainsi décidé. Cela ne se discute pas. Cela ne se discute plus... Et je suggère qu’on laisse d’ici là les citoyens Cécilia et Nicolas se prélasser en paix et dans la tenue qu’ils veulent sur le yacht d’un de leurs amis. De même que Ségolène Royal et François Hollande ont bien le droit, en tant que mari et femme, de s’être un jour disputés et de s’être menacés de se quitter. Non mais, t’as regardé dans ta glace, toi le journaleux qui les jette ainsi tous les quatre, dans ce qu’ils ont de privé, en pâture au public ?
D’autant que, pour le nouveau Président à la tête du pays comme pour sa rivale dans son parti, il y a du boulot...
Dimanche soir, devant ses admirateurs mais plus généralement à l’adresse de l’ensemble des Français, Nicolas Sarkozy a eu cette petite phrase que nous sommes quelques uns à avoir noté : « ... Je conjure nos partenaires européens d’entendre la voix des peuples qui veulent être protégés... (et qui) perçoivent l’Union Européenne non comme une protection, mais comme le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde ».
Pour La Réunion, me vient à l’esprit notre Octroi de mer, protecteur de notre fragile production industrielle. Notre Octroi de mer est actuellement en danger. Me viennent aussi à l’esprit les obscures et donc difficiles négociations des APE (Accords de Partenariat Economique) à la sortie desquelles et dans lesquels ensuite notre île risque de se retrouver dépouillée de tout ce que nous avons déjà, et terriblement éloignée de tout ce que nous pourrions développer. Me vient encore à l’esprit le concept des programmes optionnels spécifiques liés à l’éloignement et à l’insularité de nos régions ultra marines ainsi qu’à l’absence, dans un rayon de 1000 kilomètres, de tout marché porteur pour nos exportations. C’est à dire les POSEIDOM et le SLAE...
Oui, pour notre production, l’Europe ne doit pas être « le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde ». On voit donc quelles sont ces réformes auxquelles le nouveau Président aura à s’attaquer ! Elles ne seront pas simples à mettre en œuvre, convenons-en.
On le sait : par principe, le ministère des Finances («  Bercy  » comme on dit) oppose toujours de classiques réticences à toute idée de réforme. La difficulté sera encore plus grande quand il faudra bousculer Bruxelles. D’où l’urgence pour notre « Réunion économique » de pouvoir compter sur des ministres qui voudront en découdre eux aussi et avec nous dans les nécessaires négociations à mener.
Le discours du nouveau chef de l’État français servira-t-il de tableau de bord aux ministres qu’il va bientôt désigner ? Nicolas Sarkozy aurait promis, dit-on, de «  virer  » ceux d’entre eux qui pêcheraient par absence de résultat... Souhaitons lui de ne pas devoir en arriver là.

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • 40000 euros cela fait 40 smic mensuels et 193000 euros font 193 fois le smic à quelque chose près.

    Donc, il conviendrait de laisser monsieur et madame Sarkozy se prélasser sur le pont d’un Yatch et ne pas troubler leurs vacances. Sauf que celles-ci ont été offertes par un certain vincent Bolloré, milliardaire en euros de son état.
    Sauf que monsieur Sarquozy est président de la République d’un pays ou les travailleurs pauvres sont légions et ou les personnes sans emploi sont également légions, où des ouvriers lassés de l’exploitation physiqyue et morale mettent fin à leurs jours, où on envoie les gens travailler( pour gagner plus) bien que la productivité de leur travail soit une des plus importante au monde.
    Pincez-moi si j’ai zappé une partie du film : la parti communiste ne serait plus le parti des travailleurs et Témoignages ne serait plus le journal de défense des sans défense.
    Certes, la politique d’alliance est celle qu’il nous faut et les alliés ne partagent pas tous, loin s’en faut, les valeurs spartiates des dirigeants et militants que je connais, mais de là à écrire que les vacances à 233000 euros ne nous concernent pas. Avons-nous perdu notre capacité d’indignation ? Qui sommes-nous donc devenus ? Irions-nous jusqu’à accepter l’hospitalité d’un Abramovitch, propriétaire du club de footbal de Chelsea et du yatch voisin dans le même port de celui de Vincent Bolloré.
    Ne serait-il pas tant de nous ressaisir : de penser et de penser encore aux solutions propres à tirer du fénoir nos 75000 érémistes, nos légions de bénéficiaires de minima sociaux, nos 130000 illétrés.
    Je dis et j’affirme que les congés aux prix indiqués ci-dessus ne doivent pas cesser de nous indigner.
    Ou alors qu’est-ce que les chômeurs, les parents isolés, les enfants qui ont encore faim et nos voisins malgaches sont en droit de penser de nous ?


Témoignages - 80e année


+ Lus