Le rêve mauricien...

21 mai 2005

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Deux éminents spécialistes de l’économie mauricienne étaient hier les invités d’Éric Magamootoo et de la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion. Il s’agit de MM. Raj Makoond, directeur du “Joint Economie Council”, et Marday Venkatassamy, vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’île sœur. Ces deux personnalités étaient accompagnées du vice-président de l’Association des entrepreneurs français à Maurice, M. Xavier Dubourg de la Tour.
Devant une assemblée nombreuse et attentive, MM. Makoond et Venkatassamy ont expliqué en quoi consiste le projet “Mauritius Duty Free Island” dont on parle déjà beaucoup à La Réunion.
Je ne pus m’empêcher, en ma qualité de Président de la Commission du Développement économique de la Région, de souligner la curiosité et sans aucun doute l’intérêt que tous ceux qui avaient empli la fort jolie salle de conférence de la CCIR pouvaient manifester pour un projet dont il se dit à La Réunion qu’il pourrait être déstabilisant pour notre économie. "Je suis venu, ai-je dit à nos invités, pour vous entendre nous rassurer et nous montrer que nos deux îles ont un long chemin à faire ensemble".
Retenons des exposés - des brillants exposés - de MM. Makoond et Venkatassamy que l’Île Maurice traverse une situation difficile, voire inquiétante, avec une forte érosion des axes préférentiels qu’elle avait choisis pour asseoir son développement : prix du sucre à la baisse, démantèlement des accords multi-fibres, décroissance notoire de tous les secteurs de l’économie à l’exception du tourisme. Il ne s’agit donc pas d’un incident de route de l’économie mauricienne, mais bien d’une crise qui repose sur des faiblesses structurelles.
Conséquences aujourd’hui visibles : la chute spectaculaire du niveau de l’investissement, une forte progression du chômage (9,7%) et des dépenses sociales accrues (de 6% à 17%).
Devant ce constat, les autorités mauriciennes ont lancé le concept d’une île Maurice “Duty free Island”, qui vise à chercher quel serait le modèle émergeant sur lequel leur pays pourrait s’appuyer pour rebondir. Le tourisme, tout d’abord, avec la confirmation du label “Tourisme de classe” et la recherche du meilleur concept qualité/prix dans le haut de gamme, avec aussi une optimisation des possibilités de l’accès aérien en ouvrant de manière volontariste vers les grands réservoirs que sont l’Inde et la Chine.
Ensuite, la télécommunication, les technonogies de l’information et de la communication, la santé.
Puis, et sans abandonner pour autant le sucre et le textile, le choix d’une politique à grande échelle du “sea food” vu comme produit d’appel et de fidélisation d’un flot de touristes qui, de 700.000, atteindrait le chiffre des 3 millions. Enfin, et c’est là toute l’astuce, tout cela serait réalisé dans l’esprit, non pas du classique “Made in Mauritius”, mais du “Made by Mauritius”.
"Fait PAR les Mauriciens"  : c’est ainsi que je l’ai compris, il s’agit d’impliquer chaque citoyen dans le sauvetage de son pays. C’est simple, c’est profond, c’est ambitieux. C’est l’appel à un sursaut, à un nouveau rebondissement.
Bien sûr - et nous étions quelques-uns à en convenir - c’est une œuvre complexe, harassante à construire et à réussir. Mais c’est une approche audacieuse et nouvelle, au bout de laquelle il peut y avoir un certain succès qui donnera du temps au temps pour consolider le socle culturel sur lequel tout l’édifice reposera.
Les autorités de l’île sœur font, semble-t-il, le pari que la fierté mauricienne peut rendre l’opération jouable.
L’avons-nous tous compris ?
Qu’est-ce qu’il y a donc chez nous qui fait que nous étions quelques-uns à hocher la tête pendant que, Dieu merci, d’autres faisaient l’effort de réfléchir, semblant interpellés par ce qu’ils avaient entendu ?

R. Lauret


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