Le sang impur des handballeurs danois !

19 avril 2006

On en est à le souhaiter : pourvu que les handballeurs de l’équipe du Danemark ne comprennent pas notre langue nationale ! Si tel n’était pas le cas, même pour certains d’entre eux, qu’ont-ils bien pu penser l’autre samedi lorsque, alignés pour la présentation des équipes avant leur match contre la France, ils ont pu entendre la foule du Palais omnisports de Paris Bercy, debout, le verbe haut, crier à leur intention et à leur attention qu’il fallait absolument que leur "sang impur abreuve les sillons" de la terre française et scander qu’aux "...zenfants de la Patri-i-e, le jour de gloire est arrivé" !!
Ces braves Danois, autant d’ailleurs que leurs camarades handballeurs internationaux de la République tchèque et de l’Allemagne, étaient venus à Paris pour participer à un tournoi de handball à l’invitation amicale de la Fédération Française.
Et ne voilà-t-il pas qu’on leur jetait en pleines oreilles et en pleine figure qu’ils étaient le suppôt de “la tyrannie” dont on entend "jusque dans nos campagnes mugir (les) féroces soldats qui viennent égorger nos fils et nos compagnes" !!
S’ils avaient pu comprendre notre langue - et comment penser que ce n’est pas totalement le cas chez eux tous - qu’est-ce qu’ils ont bien pu penser, eux qui ont 25 ans en moyenne (et encore !), eux qui étaient donc loin d’être nés dans les années 1939-1945, eux qui entendent parler de construction européenne, de Constitution à voter et de monnaie unique qui rapproche les économies !!!... Et de libre circulation des Hommes aussi !...
Que le public français applaudisse ses joueurs, c’est là une petite coquetterie qui se comprend, même si elle peut déborder jusqu’à un peu de chauvinisme contrôlé ! Mais là ? Mais là, le sang qualifié d’impur qui doit abreuver les sillons ? Mais là, aux armes citoyens pour faire reculer la tyrannie et ses féroces soldats ?! Ils étaient venus à Paris pour n’égorger personne, juste mettre quelques ballons dans les filets du gardien français Omeyer, sachant que celui-ci excelle dans la relance et est ainsi le premier attaquant du Sept tricolore ! Certes, ils savent jouer physique eux aussi, mais pas plus que les autres, Français, Tchèques ou Allemands. De plus, pour cela ils n’utilisent pas d’armes de poings ou leurs poings comme armes ! Ils jouent, sous l’autorité d’un arbitre qui siffle tout ce qui sort et tous ceux qui sortent des règles internationalement admises !
Samedi, les chants guerriers étaient de trop à Paris Bercy... J’use bien intentionnellement ici du pluriel. Car, si d’aventure les hymnes nationaux danois, tchèque ou allemand, dont nous ne comprenons pas forcément les paroles, étaient de la même veine que notre Marseillaise, vous vous rendez compte de ce que le sport, en langage direct, est en train de véhiculer ?

R. Lauret


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