Le Toullec...

10 janvier 2006

“Le Toullec”... Ce nom sent toujours bon l’arrivée du “Léopard” en novembre 1942, les luttes ouvrières, les défilés du “premier mai”, les combats à poursuivre, ceux qu’il fallait engager et mener, les couleurs de la laïcité et de l’intelligence qui se fondent en une même valeur, les luttes contre la fraude électorale et les bourreurs d’urnes, les chantiers à organiser une fois qu’on a gagné le droit de ne pas décevoir.
“Le Toullec”... Il y eut Jean, André, Raymond et tous les autres pareillement trempés comme le sont les meilleurs aciers. Il y a eu les fils, les neveux, les filles et les nièces ; il y a les petits et les petites d’aujourd’hui...
Anick, son épouse, l’appelait "Le Toullec" en toute occasion, à la maison, au bureau, devant ou avec nous. Claude... son prénom... n’avait sans doute pas à ses yeux, du moins m’en suis-je persuadé à l’écouter parlant de lui, toute la force, toute l’image de résistance et de lutte héritées des anciens et du passé que ce nom venu des villages de Bretagne lançait comme un défi à ceux qui ont rêvé qu’il resterait toujours des faibles pour qu’ils puissent toujours être les forts...
Claude était un Le Toullec. Pleinement... tranquillement mais pleinement... de la plante de ses pieds qui en faisait un homme droit dans ses bottes jusqu’à son regard qui voyait loin devant et ne tremblait jamais quand l’épreuve s’annonçait dure. Son camp, il n’eut pas à le choisir, bien sûr. Mais, assurément, il sut le mériter pour lui demeurer fidèle...
Bien entendu, j’ai solidement en mémoire les instants de notre enfance, partagés à animer les rues du Port ou la cour de l’école Sadi Carnot, nos tête-à-tête dérobés à un Raymond Mondon qui était revenu à la direction du Cours complémentaire de notre ville après les Législatives du 2 janvier 1956 et avant le coup de force des Municipales du 25 mars 1962...
Bien entendu, je n’ai rien oublié des fêtes de l’Entrain laïque, place des Grandes Maisons, là où nous pouvions dominer le bassin d’évitage où les bateaux suaient à se faire peur quand il s’agissait pour leurs pilotes d’accoster le long des quais...
Nous en parlions encore, il y a quelques mois de cela. J’avais évoqué ici même certains de ces temps où nous avions 15 et 16 ans et déjà, vissée à la cheville et au cœur, la certitude que la route que nous aurions à faire serait celle que nous avaient léguée les maîtres qui nous enseignaient alors la vie et ses luttes inévitables et donc nécessaires...
Claude est parti ce week-end. Cela m’a fait un de ces chocs quand Serge, son frère, me l’a appris hier au lever du jour. La mort, je n’y pense jamais ou si peu pour moi. Elle fait partie de ma vie. Mais Dieu, que ce n’est pas pareil quand elle vous fauche un ami, quand elle nous fauche quelqu’un de bien...

R. Lauret


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