Le verbe “aménager”

31 juillet 2007

Nous étions vendredi dernier une petite poignée de privilégiés à nous être retrouvés pour une visite de l’ouvrage qui, sur la route des Tamarins et dans l’axe de la “Montée Panon” qui relie le quartier de la Souris Chaude à ceux de la Saline - Barrage et Bois de Nèfles - Trois-Bassins, enjambe la Ravine Trois-Bassins.
La presse de samedi a longuement parlé de ce bel ouvrage qui a bénéficié de toutes dernières techniques en matière de construction de ponts.
De “là-haut”, la vue est grandiose. Demain, quand la “R.T.” leur sera livrée, les automobilistes devront satisfaire à une obligation. Il leur sera demandé de rouler à vitesse minimum en dessous de laquelle ils seraient en infraction. La “R.T.” a pour mission principale avouée de fluidifier le trafic automobile entre le Sud et l’Ouest avant que, demain, elle ne poursuive son chemin jusqu’à Saint-Joseph. Pas question donc pour ceux qui l’emprunteront de “flâner” quelque peu, histoire de profiter de la beauté du paysage.
Et il est vrai que, vendredi, en savourant le spectacle qui s’offrait à nos regards, avec ces pentes magiquement colorées de verdures et de pierres, d’arbustes et de ravines qui vont ourler le rivage et sa fine ligne de constructions sur laquelle la vague vient toutes les secondes rebondir en une douce écume blanche et puis repartir et regagner la rotondité de son horizon, il est vrai qu’alors, nous pouvions légitimement penser qu’il serait bien dommage et pas du tout sage de laisser s’y développer demain en désordre dispersé la tôle et le béton des baraques de zones industrielles.
Et puis, rappelés à la raison qui veut que, dans notre petite île, nous avons (aussi) besoin de foncier économique et d’aménagements résidentiels, parce que les 250.000 Réunionnais que nous compterons de plus dans moins de 20 ans, ça demande des logements, des écoles et des zones d’activités, nous nous disons qu’un fabuleux pari attend dès maintenant nos responsables, qu’ils soient politiques, du monde de l’économie ou des associations citoyennes. Il va s’agir pour tout ce monde de réaliser ce dont nous avons besoin pour loger, éduquer et occuper ceux qui nous ont confié la Terre pour la leur rendre demain quand viendra leur tour de l’y habiter.
À nous de savoir conjuguer, de la plus belle des façons, le verbe aménager - ce verbe magnifique, qui ne souffre pas de la médiocrité et dont la modernité ne saurait ignorer notre besoin de poésie mêlée de rêveries.
Une route - la “R.T.” - ne peut se limiter à n’être qu’un outil au service des déplacements des hommes et des marchandises.
Elle est certes cela. Mais elle est aussi un atout qui valorise la nature et nous permet de montrer à ceux qui nous visitent que nous avons su être à la hauteur de l’ambition qu’elle nous proposait d’avoir.

R. Lauret


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