’Lénine réveille-toi ! Ils sont devenus fous...’

24 août 2005

Deux jeunes... De la peinture... Dans le sol de leur pays, ils imprègnent leur cri d’espoir pour condamner ce qu’ils sont en train de vivre. Pour témoigner aussi de leur foi dans cet idéal qu’ils voient bafoué et sali par la brutalité et la bêtise, ils écrivent sur un mur d’une rue de Prague, leur cri, leur supplique : "Lénine, réveille-toi ! Ils sont devenus fous...".
Leur cri, leur supplique crient et supplient avec la même force et la même révolte que cette seule lettre - “Z” - que, quelques temps avant, d’autres jeunes avaient tracée sur l’asphalte d’une rue d’une ville de la Grèce de ces colonels qui venaient d’assassiner le député Georges Lambrakis...
“L’Aveu”, l’autre film que Costa-Gavras a dédié à ceux qui subissent les assauts du fascisme, se termine donc sur ces images de deux jeunes qui écrivent, les yeux remplis de larmes de leur foi foulée dans la bouse, pour dénoncer et préparer les générations à venir à combattre les affreuses dérives que des potentats croient pouvoir imposer aux hommes et aux femmes de la Terre.
Pour l’honneur d’un idéal dont le nom m’importe peu, des voix, des plumes, des images ont dénoncé ceux qui savent s’y draper pour servir leurs soifs de pouvoir et, partant, leur instincts les plus bas.
Il me plaît que le Parti auquel j’ai adhéré, il y aura trente ans demain 25 août, n’a jamais fait mystère de sa totale réprobation et de la condamnation qui devait s’élever de partout.
Un rêve a été brisé. "Ce rêve, a écrit l’un des nôtres, ce rêve vécu dans des conditions extrêmement difficiles et menaçantes, s’est finalement transformé en cauchemar. Et le rêve lui-même s’en est trouvé souillé".
Et il ajoutait : "... Le mot qui convient le mieux pour caractériser ce qui s’est passé dans les pays de l’Est européen et se passe dans l’ex-URSS, c’est celui de faillite".
Faillite sur le plan économique... Faillite sur le plan culturel... Faillite politique... Faillite sur le plan social également, avec le gaspillage des valeurs humaines considérables à qui, finalement, toute perspective de promotion sociale est fermée...
Tous les totalitarismes sont odieux, surtout lorsqu’ils sont commis par des gens qui, soi-disant, se réclament d’un idéal dont ils sont bien loin. Un idéal auquel aspirent des millions de personnes et pour lequel ils font confiance.
Ce soir, je regarderai “l’Aveu” sur mon petit écran, peu avant 20 heures. Il s’agit d’être digne et capable de participer, à notre simple place, avec d’autres, à une œuvre constamment renouvelée de promotion de l’être humain, où qu’il vive, quel qu’il soit.

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus