Les braves gens : il y en a encore...

21 février 2005

(Page 2)

Plutôt que de vous livrer quelques réflexions sur cette (énième ?) enquête policière qui poursuit l’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua (celui-là même qui disait aux journalistes qu’il n’en avait “rien à foutre” à propos de ses multiples mises en examen), ou bien sur le boxeur Tiozzo qui a envoyé paître le tribunal qui lui avait demandé de venir témoigner dans un procès qui concernait un crime qui avait eu lieu sous ses yeux, ou encore du sourire qui en disait long (très long) de Brigitte Girardin lorsque Jean-Paul Virapoullé lui fit samedi sa (désormais définitive) déclaration d’amour...
Oui, plutôt que de tout cela, j’aimerais vous causer d’une chose toute simple qui s’est passée vendredi dernier au Port. Cela aurait pu avoir lieu, cela a sans doute eu lieu, cela aura sûrement lieu, un jour à Saint-Denis, Saint-André, Cilaos ou aux Avirons, il nous faut le souhaiter.

C’est une histoire fort simple. Un jeune homme de 22 ans qui a volé une moto joue les héros dans les rues de la ville, un compère juché à l’arrière.
Le duo se fait remarquer et les forces de police interviennent. Évidemment, les uns sur une moto, les autres à vélo, la suite n’est pas difficile à imaginer. Les premiers “sèment” les hommes de loi et disparaissent dans la nature.
Quelques instants après, le “pilote” rentre chez lui, sans doute déjà conscient qu’il vient de faire une connerie : les regards que lui portent des voisins lui en disent en effet assez long. Il comprend. Il se dit que...
Il comprendra encore plus lorsque, quelques instants plus tard, ses parents lui demandent de les accompagner illico au Commissariat. “Ni veut pas de ça chez nous. Ni veut pas gaigne la honte...”
Au Commissariat, le jeune homme baisse la tête, avoue avoir “peut-être mal agi” et raconte, par le menu détail, son coup de folie. Son copain ne reste pas longtemps dans le faux confort de l’anonymat. Les voilà amenés à tout déballer, avec le tribunal correctionnel au bout de leur histoire...

C’est une histoire banale, me direz-vous. Pas si banale que cela en vérité. Elle montre qu’à une époque où nous vivons ce que certains appellent “la démission des parents” (domaine où il y aurait beaucoup à dire tant l’influence de l’appel à la consommation facile est aujourd’hui pesante), il y en a encore qui savent réagir avec lucidité et courage. Car il en faut, de la lucidité et du courage, pour faire ce que ces parents ont spontanément fait. Pourquoi donc ne pas le dire ?...

Me revient ce qu’à vécu, il y a deux ou trois ans environ à St Gilles les Hauts, ma fille qui, un jour, voit arriver à son portail un homme et un petit garçon d’une douzaine d’années, les deux ramenant le vélo que j’avais offert à ma petite fille... La suite, vous le devinez : le père avait tenu à ce que la bicyclette volée soit restituée par le petit chenapan, une bonne paire de gifles s’ajoutant aux excuses sincères du brave homme.

Traitez moi de “vieux jeu” aux méthodes dépassées, si vous le voulez. Je persiste et je signe : nos parents dominaient parfaitement leur pédagogie, apprise sur les bancs des leçons de morale. Elle était efficace. On ne recommençait pas ses égarements... Cela manque cruellement à notre époque “cocacolarisée” et gavée d’une télévision qui pousse au crime. Il parait même que certaines juges sanctionnent la fessée, ce qui, je le répète, me semble absurde... et me désespère.

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus