Les circonstances atténuantes de Marco Materazzi

13 juillet 2006

Hier matin, alors qu’il n’en était qu’à la moitié du travail, mon coiffeur a soudain compris que je ne partageais absolument pas son opinion sur Zinédine Zidane.
Tout avait évidemment commencé lorsque je venais de prendre place sur le fauteuil et d’enfiler la tenue de circonstance. Le peigne et le rasoir entamaient juste leur œuvre que c’était parti.
"Ça n’se fait pas ! Quand on est un grand champion, la première des choses, c’est de savoir se contrôler... Pour les enfants, ça a été un choc et la condamnation n’a pas tardé"...
Rien ne valait des excuses... Les insultes sournoises, insidieuses sur les terrains ? mais c’est monnaie courante !!!
Et puis, à son âge, après tant de temps et d’expériences vécus : il n’en est pas plus vacciné et préparé à "laisser causer" !!! Allons...
Mon coiffeur, habituellement, me règle mon problème de chevelure trop épaisse en moins d’une demi-heure. Ce mercredi, il lui faudra bien quinze bonnes minutes de plus. C’est que il en avait gros sur la ... patate de cette “sortie honteuse” après le fameux coup de boule.
J’ai bien essayé... mais en vain... de placer un mot. Mon coiffeur en voulait terriblement à Zidane (il le lâchera quand le dernier coup de peigne me signifiait que “le travail” était terminé...) parce que... parce que... à cause de lui et de son expulsion, la France a perdu le Mondial. Et ça, il ne peut le pardonner au capitaine (de surcroît) du onze tricolore !
J’ai renoncé à expliquer à cet ami qu’un match de foot c’est, certes, une victoire ou une défaite, mais que ce n’est pas tout. Qu’un match, c’est une rencontre entre hommes avec des lois du jeu qui sont codifiées et qu’un arbitre est chargé de faire respecter, mais que ce n’est pas tout. Qu’un match, c’est la lutte pour conquérir le ballon, le dompter, le mettre au fond des buts adverses mais que c’est aussi un lieu où l’on se doit de respecter l’autre, fut-il d’une autre race ou d’une autre religion, que toi... La France avait perdu et c’était la faute à Zidane dont l’honneur, la sensibilité, l’amour propre ne comptaient pas...
Un jeune client, qui attendait son tour, n’avait rien manqué de notre conversation. Invité par mon coiffeur à donner son opinion, il lâchera que "Materazzi, là, ça un band’fasciste ça !"
Ce n’est que plus tard que je découvrais en page 40 du “Quotidien” du jour que M. Roberto Calderolli, ancien ministre de Sylvio Berlusconi et vice-président du Sénat italien, avait salué le titre de champion du monde de l’Italie comme "une victoire de l’identité italienne, d’une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et qui a gagné contre une équipe de France qui a sacrifié sa propre identité en alignant des Noirs, des Islamistes et des communistes pour obtenir des résultats"...
Voilà qui, devant le Tribunal de la Morale, donnera à Marco Materazzi de larges circonstances atténuantes.

R. Lauret


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