Les conclusions qui s’imposent

10 avril 2007

Je le redis volontiers : notre journal a la chance, avec Philippe Tesseron, de bénéficier de la plume de l’observateur et du critique le plus pertinent des programmes que nous proposent localement chaque jour les chaînes de Télévision. J’en suis un lecteur attentif. Cela m’évite d’avoir à zapper dans les pages et les colonnes où toute la presse énumère leurs mêmes sources ; cela m’évite d’avoir à zapper le soir, à l’heure où je rentre, à la recherche de quelque chose susceptible de m’intéresser, à supposer qu’il soit alors encore temps, à moins qu’il soit encore trop tôt !
Ainsi, jeudi dernier, sachant qu’une réunion de l’Alliance à la Région me ferait louper “Le climat en crise” à 17h10 sur Tempo, je me suis organisé pour ne pas rater l’essentiel de “2030, le Big Bang Démographique”, à 22h35. Philippe Tesseron avait su m’aiguiller dans le numéro du “Témoignages” du jour. Et lorsque je rentre à la maison vers 22h50, les caméras d’Olivier d’Angely, le réalisateur de l’émission, zooment déjà sur l’Afrique.
Contexte :
2030. La population de la planète Terre, par rapport à ce qu’elle était 30 ans plus tôt, a augmenté de plus de 25%. Elle est passée de 6,5 milliards aujourd’hui à 8 milliards. L’Europe est en panne de natalité et, en toute logique, dans un sensible regain de vieillissement de sa population.
Nos regards, managés jusqu’à ce jour par des médias davantage préoccupés par le spectaculaire et l’évènementiel, ont été entraînés à fixer notre réflexion sur les deux grandes puissances émergentes, les géants de demain, l’Inde et la Chine. Mais - je rappelle que nous sommes en 2030 - c’est l’Afrique qui compte désormais 2 milliards d’habitants. Deux milliards qu’un « bout de mer » sépare d’un continent dont la population, qui a toujours vécu dans une aisance certaine, stagne en nombre et vieillit.
L’Afrique - en 2030 - c’est également chaque année 25 millions de jeunes en âge de travailler.
Jeudi soir, des femmes et des jeunes du continent noir l’ont dit, l’air délivré. Paroles relevées : « L’Europe, c’est l’Eldorado. Si tu as du travail, t’as beaucoup d’argent. C’est le rêve » ... « L’Espagne, quand vous y allez, vous gagnez de l’argent et vous revenez investir ici... » .
Et puis encore, à propos du risque que l’on prend quand on s’élance dans l’océan sur une frêle embarcation : « La mort, même ceux qui ne partent pas là-bas, ici, ils meurent » ... Ou bien encore : « Ceux qui sont là-bas en Espagne, ils sont plus nombreux que ceux qui sont morts pour y aller » ... Ou : « Mieux vaut mourir que vivre ici » ... Et puis : « Certains jeunes vont en Europe. Ils reviennent quelques années après. Ils construisent leur maison... ».
Et les démographes, sociologues, économistes ou tout seulement politiques de souligner qu’il serait stupide d’ « ignorer que la trajectoire Afrique-Europe est la route de demain » , et donc qu’en simple logique, « on ne peut pas accepter la circulation des capitaux et s’opposer à celle des hommes » , ce qui amène à considérer que « le droit à l’immigration est une idée qui s’imposera » . Car, en 2030, nous vivrons l’ère de « la planète en mouvement » .
Mieux - ou pire - sous la pression d’une Afrique confrontée à la pression démographique, à la sécheresse et donc à la famine, des États d’une Europe toujours riche, mais vieillissante et sans main d’œuvre, se disputeront « les bons émigrés » , ceux dont ils ont besoin pour tenter de continuer à s’assurer le même bonheur de vivre.
J’ai alors relu Philippe Tesseron : «  Certes, l’Homme est loin d’être un dieu, disait-il dans sa rubrique du matin. Mais avec une parcelle de bon sens et un peu moins d’égoïsme, il pourrait très certainement changer un tant soit peu le cours des choses... et tirer les conclusions qui s’imposent » .
Il m’est apparu que la plus profonde de nos prières peut fort bien se bâtir sur « ces conclusions qui s’imposent ».

Raymond Lauret


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