Les fautes du curé : pour certains, du pain béni…

21 décembre 2009

Parce qu’il exerçait la mission de curé, les fautes de Michel Tual sont ressenties par beaucoup d’entre nous comme un coup de poignard porté à toute notre société. Brutalement, tout ce qu’il a pu apporter à cette dernière tout au long d’une longue vie faite d’engagements sincères et exigeants s’efface. Voire s’écroule pour laisser place au doute, à la condamnation générale. Sans nuance, sans excuse. A quelques jours de la célébration de la naissance du Christ, ce sera dur pour lui.

Ce sera dur pour lui, tout autant que c’est dur pour toutes celles et pour tous ceux qui l’ont côtoyé, apprécié, écouté, entendu. Pour ma part, je garde en tête le sermon qu’il a prononcé lors des obsèques de Jean–Jacques Henriette le 11 septembre dernier.

Faut-il pour autant réduire sa famille — je veux parler de l’Eglise en général et de l’Eglise catholique en particulier — à la dimension des forfaits qu’il a commis et que la justice des hommes va examiner dans le cadre des lois qu’elle s’est donnée ? Nous manquerions dramatiquement de discernement à pencher vers de faciles et malhonnêtes amalgames et en nous laissant gagner par l’envie de remettre en cause le travail des gens de toutes les Eglises du monde ou en oubliant la dimension exemplaire du Groupe de dialogues interreligieux tel qu’il se vit dans notre petite île de La Réunion.

Le problème que posent à notre société les manquements du Père Michel Tual, c’est que ce sont les mêmes sentiments d’échec que nous ressentons quand, par exemple, un de nos collègues élu — ne fut-il pas un élu de “premier plan” ! — commet un acte que la Justice de la République considère comme grave. Et nous avons bien raison de refuser que les élus soient alors par certains qualifiés de « tous pourris »  ! De même, autres exemples, tous les patrons ne sont pas, Dieu merci, des exploiteurs et tous les délégués syndicaux ne sont malheureusement pas des monuments de dévouement à la cause ouvrière. Et que dire de nos enseignants dont l’immense majorité mérite son salaire ou encore des parents dont nous n’avons pas le droit de dire qu’ils seraient tous des irresponsables ?

Mais, en proposant à votre réflexion cet épisode de l’actualité, j’ai bien le sentiment d’enfoncer une porte ouverte, puisqu’il est à juste titre admis dans l’opinion réunionnaise que les dérives — mêmes particulièrement graves — d’un homme qui exerçait un Ministère sensible, car concernant l’éducation des enfants, restent un fait exceptionnel et donc personnel et isolé. Même si, pour certains, c’est là du pain béni pour la vente !
Et passons, pour le reste de la place qui me reste, à la visite qu’effectuent depuis hier dimanche dans notre département, Messieurs Alain Boghossian et Robert Duverne, respectivement adjoint de Raymond Domenech et préparateur physique de l’équipe de France de foot.

Ne nous trompons pas : si en juin prochain, et en terre réunionnaise, les Bleus devaient rencontrer leurs homologues chinois, c’est moins l’événement sportif que la promotion de notre île sur l’échiquier touristique de la planète qui serait à privilégier. Bien sûr, on devra s’attendre à ce que 15 à 20.000 spectateurs se presseront pour voir, en chair et en os, quelques uns des géants du foot mondial. Et, s’agissant de certains d’entre nous un peu plus curieux, pour tenter d’évaluer le niveau actuel de la Chine et anticiper sur de possibles propositions de coopérations et d’échanges des dirigeants de la Fédération de Football de cet immense pays, lesquels n’ignorent pas le travail remarquable qu’ont effectué à Chong Ming, un arrondissement de Shanghai, deux Réunionnais, Claude Lowitz pendant trois longues années et Alain Lan-Yeung pendant un an.

Oui, c’est bien à notre île et à son offre touristique qu’il nous faut dès aujourd’hui penser. Un “France-Chine” en football est, certes, un événement sportif. Mais, se déroulant à La Réunion (« Tiens, c’est où cette Réunion là ? »), il devient un sujet de curiosité qu’une bonne campagne de communication peut transformer en intérêt pour les gens de la profession et des populations en recherche d’horizons nouveaux. Et par ces temps de morosité économique qui n’ont pas fini de mener au score, une telle opportunité nécessite que nous brossions les meilleures stratégies au profit de la meilleure tactique et que nous n’hésitions pas à déborder, grâce aux ailes des compagnies aériennes, pour centrer notre région dans les plus favorables positions. Ainsi, il sera dit et redit que le foot, ce n’est pas seulement un ballon derrière lequel courent 22 garçons. Mais que c’est bien plus, en plus des moments d’émotions et de communion auxquels il nous invite…

R. Lauret


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