Les stations-service de chez nous

12 mars 2007

La question est, dit-on, à l’ordre du jour : faut-il, comme en France métropolitaine, remplacer les pompes des stations-service d’ici par des distributeurs automatiques ? Faut-il donc, ici aussi, supprimer, comme cela a été fait là-bas, les emplois de pompistes, au nom j’imagine, de la rentabilité ?
Si nous avons eu l’occasion de conduire une voiture en France, nous savons ce qui se passe quand nous arrivons dans une station d’essence. On se sert soi-même et on va payer à la caisse ce que l’on doit.
Ici, chez nous, c’est un employé de la station-service qui nous sert. Et, sans nous poser de question, on va payer...
Il y a de cela de bien nombreuses années, entre les pouvoirs publics, les gérants de stations-service et les sociétés de produits pétroliers, il avait été convenu que la vente de carburant pourrait être l’occasion de créer plusieurs centaines d’emplois. Il en fut ainsi fait. C’est ce que, fort justement, M. Charles Durand, un habitant du Brûlé à Saint-Denis, appelle, dans un tout récent courrier de lecteur, « l’intelligence sociale des gérants de stations-service »...
L’automobiliste participe ainsi à la lutte contre le chômage. Dans notre île où ce problème, loin s’en faut, n’est pas banal, cela doit être apprécié à sa pleine mesure. Et Charles Durand n’est pas seul à y penser quand il écrit que « si je dois ajouter un ou deux centimes par litre à ma facture de carburant, alors je le fais avec grand plaisir ».
Faut-il, au nom de je ne sais quelle modernité, que notre île s’aligne sur ce qui se fait ailleurs, même si cet ailleurs n’a rien à voir avec notre réalité et que notre façon de procéder est parfaitement et judicieusement adaptée à nos spécificités ?
On a envie de le crier haut et fort : ne touchez pas à cette façon que nous avons de vivre notre sentiment réunionnais de solidarité ! Ne nous mettez pas partout vos automates qui, parce qu’il faut améliorer certaines rentabilités, agrandissent de fait le trou du chômage ! Ne nous imposez pas vos visions rétrogrades du rapport entre les hommes !
Et faisons nôtre, là aussi, la pensée exprimée par Edgar Morin et que le “billet philosophique” de Roger Orlu rappelait dans le numéro de vendredi de “Témoignages” : « Il importe de refonder la notion de développement, dont l’application, partout dans le monde, détruit les solidarités traditionnelles, fait déferler la corruption et l’égocentrisme. Il faut que la notion de développement se métamorphose en celle d’épanouissement ».

Raymond Lauret


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