Lettre à ma sœur...

22 mars 2007

Quelqu’un que tu aimes beaucoup m’a fait part de l’inconfort qui stagne en toi au fur et à mesure que nous nous approchons du 22 avril : le flou qui prévaut actuellement dans la campagne électorale pour la présidentielle te fait croire que, pour la première fois dans ta vie, tu voteras “blanc”. Tu ne t’imagines pas voter pour “la droite” (j’exclus évidemment, totalement et définitivement l’extrême droite de tes pensées). Et “la gauche” te désespère à ne pas être capable de s’entendre sur un vrai programme, ce qui amène chacun de ceux qui disent la composer à vouloir compter ses forces au risque que cela révèle ni plus ni moins que leurs insignifiances respectives. Je le sais, une alliance très large qui proposerait une redéfinition de ce que pourrait être notre société du 21ème siècle, cela t’aurait convenu. Au lieu de ça, chacun va sous son drapeau et tous seront marginalisés sans que l’on puisse, en additionnant les voix des uns et des autres, parler d’une espérance pour demain. Pour les rassembler, il leur manque assurément une grande figure à ces hommes et femmes particulièrement sympathiques. Un manque cruel d’ambition et de foi interdit qu’ils parlent d’une même voix. Tu en es affligée, attristée, sans doute découragée.
Reste Ségolène Royal. Mais le comportement à La Réunion d’un certain nombre de membres du parti socialiste vis à vis de la famille politique que tu as toujours soutenue ne te permet pas de voter comme tu as su le faire dans le passé : Mitterrand ou Jospin, dès le premier tour, sans hésiter.
Je te sais suffisamment sensée et sincère pour prendre le moment venu la décision qui te semblera la plus conforme à ton ressenti. Et voter “blanc” peut être une réponse tout à fait honorable pour une citoyenne qui ne laisse pas aux autres le soin de penser pour elle.
Je sais que tu n’ignores pas que d’autres ont également prévu cette cacophonie d’où sort évidemment une foule d’engagements et d’annonces selon lesquels demain on rasera gratis, toutes promesses qui, c’est bien connu, n’engagent que ceux et celles qui les écoutent et y croient.
Je sais que tu n’ignores pas que, forts de l’expérience qu’ils ont des campagnes de candidats issus des “grands” partis politiques de là-bas, certains de nos responsables ont pris les devants. D’une part, ils ont obtenu de l’actuel gouvernement que l’État français s’engage sur des programmes essentiels à notre développement. C’est ce que M. Albert Ramassamy saluait tout récemment encore comme un acte évident de sagesse et de bon sens politiques. D’autre part, ils ont interrogé chacun des candidats - à l’exception de ceux de l’extrême droite - sur ce programme.
Ce n’est que lorsque les réponses seront connues et rendues publiques que tu seras bien en mesure de te poser la bonne question : pourquoi donc est-ce l’Alliance et Paul Vergès qui poussent les prétendants à l’Élysée à s’interroger sur les problèmes propres à notre île et à s’engager avec nous à en faciliter les solutions ? Poses toi cette question et trouves y la réponse.
Ainsi, de cette élection, tu verras qu’il y a une grande leçon à retirer. Telle que je te connais, je ne doute pas que tu ne te tromperas, au premier tour puis au second, dans ton orientation de femme libre et clairvoyante.

Raymond Lauret


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