Lettre à Monsieur le Président Nicolas Sarkozy

4 juin 2007

Vous avez été vendredi dernier 1er juin dans le collimateur de l’éditorialiste du JIR. Vous n’alliez évidemment pas, Monsieur le Président, échapper au talent de moucateur de Bruno Testa. D’autres, de tous les bords, de tous les âges et des deux sexes, y sont passés. Cela ne fait bien entendu pas sérieux- c’en est même inconvenant - de vous suggérer que Vincent Bolloré offre une semaine sur son yacht à des étudiants en ethnologie, que Noël Forgeard soit au Ministère des Sports et des sauts en parachute doré ou que Johnny Hallyday devienne Secrétaire d’État à l’instruction civique.

Cela ne fait pas sérieux - c’est même inconvenant. Vous n’allez donc pas y prêter attention, même si - et vous le savez, les billets doux de Testa sont faits aussi pour ça - des dizaines et des dizaines de milliers de lecteurs en ont souri. Cela ne vous arrêtera pas dans votre souci de réformer ce qui régente le quotidien des Françaises et des Français. Vous avez désormais le feu vert du peuple pour le faire. 53% des électeurs, ce n’est pas rien. Et vous nous le prouvez : vous ne laissez pas traîner les choses.

Sachez, Monsieur le Président, que Testa n’est pas la seule voix réunionnaise. Je voudrais ici me faire l’écho de celle de ceux qui aimeraient attirer votre attention sur l’énorme scandale que constitue le régime indemnitaire des élus sous les cieux de notre République Française.

Pour ces Réunionnais - sans doute en parfaite adéquation avec ce que pensent également de nombreux Français de Métropole - il n’y a rien d’anormal à ce qu’un élu soit correctement rémunéré quand il exerce des responsabilités pour lesquelles il a besoin de tout son temps. Être Maire d’une ville de 30.000 habitants par exemple, c’est un travail à temps plein, même si à ses côtés, cet élu peut compter sur un personnel hautement compétent de DG et de plusieurs DGA, de nombreux Chefs de services, etc... On peut même comprendre qu’il n’est pas incongru que ce Maire soit “épaulé” - à temps plein également - par un ou plusieurs adjoints.

Mais là où il y a problème, Monsieur le Président, c’est cette pléthore... que dis-je... cette débauche de titres que la loi demande à certains de cumuler. Faites votre enquête et vous découvrirez qu’ici, on peut être en même temps Maire ou maire adjoint et Conseiller général ou régional, parfois encore Président ou vice-président d’E.P.C.I. ou de SEM, dans les limites bien sûr d’une loi qui régit le cumul des mandats sans que ladite loi ne se montre le moins du monde curieuse de savoir si en face des mandats financiers cumulés, il existe un travail effectif. Ce qui est certain, c’est que les payes s’ajoutent aux payes sans que l’on puisse accuser les bénéficiaires de quoique ce soit. On leur donne, ils prennent. Tout cela est parfaitement légal.

Aujourd’hui, Monsieur le Président, de nombreux citoyens assimilent les E.P.C.I. à une vaste foire destinée à procurer à certains de juteuses indemnités.

Or les EPCI c’est utile. C’est même l’avenir. Difficile de comprendre, pour notre seule île de La Réunion, que la CIVIS compte 39 membres (dont 1 président et 7 vice-présidents), la CINOR 41 (dont 1 et 12), la CIREST 40 (dont 1 et 11), la C.S.S. 35 (dont 1 et 9) et enfin le TCO 97 (dont 1 et 29). A quoi tiennent ces disparités tant au niveau du nombre des élus communautaires que des vice-présidences, sinon à la possibilité que la loi française donne aux E.P.C.I. de se composer chacun à sa guise, sachant que les présidents et vice-présidents sont ... je n’ose, Monsieur le Président, vous donner les chiffres... sachant que ceux-là sont, disons, copieusement rémunérés ? Et j’insiste, Monsieur le Président : tout cela est scrupuleusement légal, à défaut d’être moral !

Ah, si on permettait à tout élu de cumuler les fonctions selon ses capacités et selon la volonté populaire sans pour autant accumuler les indemnités ! Réformez-nous tout ça, Monsieur le Président. Nous vous en saurons gré. Vous n’aurez pas perdu votre temps ! Et vous aurez fait mentir M. Roger de Weck le Président de l’Institut Universitaire de Hautes Études Internationales à Genève, qui prétend que « la France, avec des institutions archaïques, n’est pas assez démocratique. »

Bien respectueusement.

R. Lauret


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