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par le Dr Raymond Vergès

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Libre concurrence et obligation de service public...

jeudi 25 novembre 2004

(Page 2)

Le personnel de la compagnie Air Bourbon est inquiet. Il a été reçu hier matin par la présidente du Conseil général, Mme Nassimah Dindar et, quelques instants après, à la Région.
Ce genre de rencontre, où des élus se trouvent face à des personnes qui vivent dans la crainte fondée que leur emploi est sans doute menacé, a quelque chose de pénible. Vous êtes face à des gens dont vous partagez pleinement l’appréhension et qui attendent de vous ce que vous ne pouvez pas leur dire : que leur emploi va être sauvé.
Car rien aujourd’hui ne permet de penser qu’il y a une solution miracle à un problème qui relève de l’économie dite libérale et concurrentielle. Air Bourbon a été créée par des actionnaires privés. Ceux-ci sont soumis aux règles de l’économie qu’ils ont choisie. Ils peuvent gagner ou ils peuvent perdre. Ils le savent et, d’une manière générale, ils acceptent que cela peut ne pas toujours marcher pour eux. Sachant que cela marche pour d’autres.
Le problème, quand on est dans l’aviation marchande, c’est que, en cas de faillite, le personnel ne peut espérer son reclassement que dans une autre compagnie aérienne. Et cela n’est pas toujours simple. Le champ est limité.
Autre problème ; les voyageurs. Il n’y a que l’avion pour eux. Et un avion a ses limites, en capacité de remplissage bien entendu, mais aussi et surtout dans ses temps de rotation. Et puis, c’est connu, il y a, dans le monde entier, un déficit d’appareils : il en manque. Partout. Il suffit pour s’en convaincre de savoir que le fameux charter entre Tianjin et La Réunion qui ne connaîtrait aucun problème de remplissage, se heurte à une cruelle réalité : nos amis chinois espéraient que nous trouverions l’avion qui n’est pas disponible chez eux !
La question que l’on est en droit de se poser est celle qui consiste à se dire que le transport des voyageurs entre notre île et l’Europe pouvant relever de l’obligation de service public, ne convient-il pas que l’État soit davantage présent à une époque où a été inventée la société d’économie mixte ?
Mais, une telle question, est-ce seulement la bonne question ? L’Organisation mondiale du commerce nous rappelle chaque jour la réponse : et le libre commerce, vous en faites quoi, du libre commerce ?...

R. Lauret


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