Lu lé pa la èk sa ! Mais à sa façon...

4 juillet 2005

(Page 2)

Dans un ouvrage collectif - “Plume de Famille” - qui n’a jamais été édité, j’ai exprimé cette opinion : "Jacques Tillier est outrancier, excessif, souvent agaçant, très souvent horripilant. Sans risquer de se tromper, on peut dire qu’il y a plus de personnes qui le détestent qu’il y en a qui l’aiment. Ce dont il se contrefout. Il tire dans le tas, atteignant parfois celles et ceux qui ne sont pas obligatoirement coupables. Mais, la colère au ventre, on le lit jusqu’à la dernière ligne. Car il a du talent...".
C’est que son édito du samedi crève les plafonds du lectorat réunionnais. Ce jour-là, le tirage du “J.I.R.” bondit de 33%. Plus de 45.000 exemplaires sortent des rotatives et sont tous achetés. On peut supposer que la quasi-totalité des lecteurs font ce que vous et moi nous faisons : plongeon dans la page 3 pour une bonne quinzaine de minutes, le temps de passer de la première à la dernière ligne. Et là, selon ce que l’on est, on opine et on en rit, ou bien encore on maudit celui que l’on qualifie alors, pour être poli, d’innommable terroriste.
Jacques Tillier dispose d’une mine de renseignements avec, évidemment, force détails, qu’il ... détaille et distille pour dénoncer et clouer au pilori avec une verve et un vocabulaire qui pourraient laisser penser qu’à l’école de Frédéric Dard, l’élève a atomisé le maître. Hommes (et femmes) politiques de tout bord, dirigeants prétentieux et retors, curés, hommes de loi : tous et tout y passent, quand a été commis ce que la morale réprouve ou qu’on a méprisé le faible et les handicapés.
Celui qui était bourré et a causé un accident : pas question de le rater s’il est un magistrat ! L’élu, surtout haut en Cour parisienne, qui joue de ses relations pour surfer sur les mers australes et antarctiques où prolifèrent les pirates et frétille la légine, itou ! Et ça passe... et j’en passe, jusqu’au change qu’il cherche parfois à donner... jusque dans sa propre contradiction !
Arrive-t-il qu’il touche et blesse un... disons moins coupable, un petit bras, à cause d’un tuyau percé, suggestif ou malveillant ? Évidemment. Lui arrive-t-il de s’égarer et même de décevoir, vu que ça existe aussi, ceux qui l’aiment bien malgré tout ? C’est forcément certain.
Il ne sait pas alors s’excuser et préfère dérouiller de quelques procès pour diffamation qui finissent par peser dans le bilan commercial du journal. Il subit sans piper mot, sans doute trop occupé à recharger son stylo pour le samedi qui arrive.
Faut-il l’éliminer ? Chez certains, la question ne mérite même pas d’être posée. La réponse est évidente : "ça s’impose, c’est urgent !" Chez d’autres, Jacques Tillier est un bien nécessaire, pour dire à tout le monde qu’il ne triera pas dans son café, surtout pour dire à ceux de son camp qu’il ne supporte pas que celui-ci soit à ce point gangrené et vérolé par l’ambition et la soif du pouvoir confisqué pour être détourné loin de l’intérêt général.
Faut-il donc le murer ? Peut-on le bâillonner ? Non, semble-t-on dire en majorité chez ceux qui le recherchent et l’achètent pour le lire. Non, surtout pas, car, dans le genre, il n’y a pas son pareil.
Oui, ... me dites-vous... mais lorsqu’il dérape, s’entête, lorsqu’on est victime de ses excès et de ses erreurs ? Que faire ? Seulement le procès ? Ou, c’est encore mieux semble-t-il, le droit de réponse ? Jacques Tillier, c’est sa manière à lui de faire amende honorable, et il l’a montré, exige qu’on vous ouvre alors les colonnes du journal. J’ai vérifié...
Le boss du “JIR” n’est pas un saint. Guy Adamik écrit dans un livre qu’il a fait "le voyage au bout de l’enfer", là-bas, dans le Nord de Paris, au fond d’une ancienne carrière souterraine. Un célèbre escroc, évadé des Q.H.S., que toutes les polices de France et de Navarre recherchaient et que Tillier choisit de narguer avec pour seule arme un stylo à la main, beaucoup de panache et un inconscient courage. Il prendra quatre balles tirées à bout portant, dont une dans la bouche et une autre dans la nuque. Un autre en serait mort. Lui en revint des flammes de Satan, plus tenace et déterminé que jamais. Ce sera fatal à l’autre Jacques !
Jacques Tillier n’est pas un saint. Il a été journaliste et entend le rester, avec ses qualités et ses défauts, en quête de perpétuels barouds d’honneur et de ces imprévisibles hors desquels il ne vit pas. Il est un cas dans le monde du journalisme. On l’aime ou on ne l’aime pas. Ce dont il se contrefout : lu lé pa la èk sa ! Mais à sa façon. À la façon d’un homme qui, sans calcul et sans dire pourquoi, a un jour choisi de pousser Monica Govindin vers le podium et d’accompagner Edmond Lauret dans la trappe... Les imprévisibles, je vous dis !

R. Lauret


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