Madame Michel Debré...

8 mars 2007

Ce mardi 6 mars, nous étions conviés, Bertho Audifax et moi, à échanger avec des adhérents du “Centre Saint-Ignace” des Frères Jésuites à Saint-Denis.
Sur la base d’une réflexion en 8 points portant sur ce qu’il conviendrait de mettre en œuvre pour assurer la bonne harmonie de la société réunionnaise, il nous fallait nous demander si, en fin de compte, « la politique (est) une bonne nouvelle ? ».
Je ne vais pas ici rendre compte de cette réunion-débat qui, du point de vue de la plupart des participants, dura trop peu. Le temps manqua pour les deux invités politiques ainsi que pour la trentaine de participants : temps pour exposer toutes les opinions, temps pour les questions qui brûlaient bien des lèvres.
Compte tenu de l’objectif que les responsables du “Centre Saint-Ignace” s’étaient fixé, il m’avait semblé bon, à partir de quelques exemples, de montrer que nos responsables politiques, au plus haut niveau de l’État, se doivent d’être soucieux, en premier lieu, de donner d’eux mêmes l’image de gestionnaires rigoureux. D’où cette petite anecdote :
Bernard Debré, le frère de Jean-Louis, vient de publier un petit ouvrage. “Et si on parlait d’elle ?” (c’est le titre du livre) entend évoquer ce que fut l’épouse du père, Michel Debré, celui-là même qui a été le premier Premier Ministre du Général de Gaulle.
Nous sommes en juin 1961. Michel Debré reçoit à dîner, dans les salons de Matignon, M. Robert McNamara, son homologue Secrétaire d’État américain, dans le cadre d’une visite que le Président John Kennedy effectue alors à Paris.
Le dîner a donc lieu, solennel, sans doute somptueux. L’homme d’État américain se trouve en face de Michel Debré, leurs épouses respectives là où le protocole prévoit qu’elles doivent être placées.
Le dîner a lieu. Quand tout est fini, que tout le monde s’est levé et parti, on alerte Mme Debré, laquelle n’en croit pas ses oreilles. Elle va vérifier elle-même : les couverts qui étaient à la place de Robert McNamara ont disparu. Ce dernier les a emportés !!! C’est “scandale à Matignon” !!
Après une nuit passée à en causer avec son épouse, sans en référer à l’Élysée, Michel Debré, dans une lettre adressée au Pentagone, réclame aussitôt et aussi sec que lesdits couverts soient rendus à leur propriétaire, c’est à dire à la République française. Ce qui sera fait une semaine plus tard, une lettre d’excuse expliquant cette liberté du Secrétaire d’État américain : il avait l’habitude, après chaque repas officiel, d’emporter un souvenir !!! Il ne s’en est donc pas privé cette fois-ci encore !
Et Bernard Debré de saluer, sans la regretter et encore moins la condamner, l’attitude « un peu rigide de (sa) mère » comparée à « celle des femmes de ministres qui, ces dernières années, ont tellement défrayé la chronique, telle en exigeant l’aménagement d’une salle de remise en forme dans les locaux du ministère, telle en changeant trois fois de mobilier national en deux ans... »
L’assistance, je crois, a apprécié les leçons qu’il convenait de tirer de cette anecdote.
Ce qui m’encouragea à lui parler du régime indemnitaire que la République, pour garantir les quorums des assemblées délibérantes de notre système démocratique représentatif, consent à ses élus... Le temps, je vous le dis, nous a manqué à tous pour développer notre opinion, pour poser nos questions et à Bertho Audifax pour dire ce qu’il m’a le lendemain confié au téléphone, quand nous avons fait lui et moi, le bilan de cette soirée.

R. Lauret


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