« Maître... » devrais-je plutôt dire.

4 mai 2007

Un dimanche après-midi à Saint-Paul... Dans la grande église dédiée à “Notre Dame de la Paix”, pas de curé en aube de cérémonie ni d’enfants de chœur ce jour-là. Pas même de chorale pour chanter Dieu à l’unisson, ni non plus de fidèles.

Ce dimanche après-midi, l’église de Saint-Paul grouille pourtant de monde. D’un monde inhabituel, sans chapelet ni missel. Il y a là aussi le chef, en sombre habit de circonstance et puis des jeunes gens sagement assis dans le cœur de la grande nef, juste devant l’autel, accordéons en bandoulière, flûtes, clarinettes, trombones ou violons à la main, sobrement vêtus, derrière pupitres et partitions.

Pierre Varo - le “chef”, en sombre habit de circonstance - dirige tout son petit monde. Ils seraient un peu plus de cinquante si une petite demi-douzaine d’entre eux n’avaient pas ce jour-là manqué le rendez-vous dominical. Le chef donc - « Maître... » devrais-je plutôt dire, comme nous eûmes à l’époque nos Maîtres d’école ou, en des lieux encore autres, les Maîtres du Barreau ou ceux des Forges - Pierre Varo, donc, a appris à faire l’amalgame entre ce qu’exige de nécessaire rigueur sa difficile et noble mission et ce que révèle de naturelle tendresse le bonheur de guider tout un groupe vers les sommets de l’excellence.

Car c’est d’excellence que rêve « l’Orchestre Polyphonia » qui rassemble, venus des quatre coins de notre île, ces jeunes et moins jeunes autour d’une passion commune : la musique.

La tâche est colossale. Mais elle n’est pas un lourd fardeau à apporter, alors que chaque week-end et une grande partie des vacances les voient répéter et encore répéter afin de se produire ici, là et là-bas en ces concerts auxquels les familles et aussi des amis se font un devoir et un plaisir d’assister.

Ce dimanche après-midi, en curieux, en voisin, je suis venu moi aussi. Je me sais sensible à tout ce qui est œuvre de la création. Pouvais-je également ressentir combien cette harmonie de mille sons, quand ils ne font qu’un pour emplir une église, peut bouleverser ceux et celles qui ne cherchent plus à affronter les mystères de la vie et qui portent un peu plus qu’un regard et une oreille vers ce qui relève finalement du divin ?

L’heure passa trop vite qui nous vit nous lever, debout, pour crier bravo et merci à ces musiciens en herbe et déjà si près du talent.

Et quand tout fut fini, que Pierre Varo m’eût dit que son bonheur est immense autant que son espérance que demain soit fait d’autres merveilleux rendez-vous, je pus causer un moment avec Etienne et Xavier, moins de trente ans à eux deux, leurs flûtes traversières rangées dans le coffre de la voiture d’un parent.

Là encore, un moment de profonde satisfaction.Vous voulez que je vous dise ? C’est beau, deux gamins déjà adolescents et qui ne ressentent pas la pression qui pèse pourtant sur nos épaules d’adultes toujours inquiets...

R. Lauret


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