Manuel Marchal le disait si bien vendredi

6 juin 2006

J’ai bien peur moi aussi que, pour Mme Ségolène Royal, les choses ne vont pas être simples après qu’elle ait annoncé qu’il lui faut chasser sur le même terrain que Messieurs Sarkozy, Le Pen et de Villiers. D’ailleurs ces trois derniers n’ont pas hésité, dans la foulée, à déclarer à l’opinion française que s’il y avait une nouvelle qui les comblait, c’était “bien le ralliement” de Mme Royal à leurs thèses sur le très particulier problème de la délinquance montante.
Mais il n’y a pas que chez ceux-là que la satisfaction était palpable. Le premier secrétaire du Parti Socialiste réussira-t-il à faire adhérer les autres candidats à l’investiture de son parti à l’idée que son épouse sortira grandie du choix qu’elle a fait, pari ô combien risqué à foncer sur les traces des ultras dans cette épineuse question qui fait désordre : le mal des banlieues... et les solutions à mettre en œuvre pour enrayer “la vilaine chose” !
Soudain, on s’aperçoit - façon de parler - que la vie politique française repose sur un bien curieux postulat : les enquêtes d’opinion. Autrement dit, et pour simplifier, les sondages.
Et Manuel Marchal avait bien raison quand, dans l’édition de “Témoignages” de vendredi dernier, il y voyait “un affaiblissement de la démocratie”.
Il est vrai en effet que les sondages et toute la manipulation à laquelle ceux - et celle(s) - qui en “tirent profit” s’y livrent alors, sont devenus une des caractéristiques de notre vie politique dont ils sont un des signes forts de l’essoufflement.
À un an d’un scrutin, les sondages - un millier de personnes interrogées, bigre ! - “fabriquent” les candidats... à partir d’un grave mais unique problème ! M. Sarkozy s’est donné une image de présidentiable sur, et principalement sur les problèmes de délinquance. Il s’est bien gardé par exemple, sur certaines initiatives économiques prises par le chef du gouvernement auquel il appartient, de se comporter en partenaire solidaire. C’est là - et surtout là - où Jean Marie Le Pen s’est construit un fonds de commerce qui s’est révélé rentable, qu’il s’est lourdement manifesté. Et avec une certaine réussite, il a pu semble-t-il déboulonner un Dominique de Villepin à l’évidence pas fait pour l’estocade dans ce genre de terrains marécageux et qu’un très classique fait divers - “Clearstream” - a mis par terre.
J’ai, c’est un exemple, sous les yeux le texte de l’intervention que M. Sarkozy a prononcée en clôture d’une journée de travail que l’U.M.P. a consacré, le 30 mai dernier à Paris, au sport. Je puis vous l’assurer : il faudra trouver autre chose pour que les responsables sportifs français accordent quelque crédit à l’actuel Ministre de l’intérieur quand il prétend vouloir “oser le sport”, comme il dit...
Mais sur le terrain des banlieues, là il a réussi à se hisser au niveau du Front National. D’où l’initiative de Mme Royal et le radieux sourire affiché par M. Le Pen, de Villiers et Sarkozy : il est sûr qu’ils pensent pouvoir la croquer tout cru sur ce chapitre. Et, on l’a vu, ils n’ont pas attendu que le couvert soit mis pour commencer.
Pendant ce temps, les problèmes de fond d’une société de plus en plus inégalitaire continuent à se durcir. Les sondages ne peuvent les connaître puisqu’ils s’adressent à un échantillonnage bien mince de cette société : un millier de gens “représentatifs” sont interrogés !
Heureusement, M. Antoine Zaccharias vient d’écrire en gros caractères la vraie nature du mal français. Avec la modique somme de 16.466.122 euros qu’il s’est offerte légalement semble-t-il comme paye pour l’année 2005, à côté de lui M. Thierry Desmaret apparaît comme un timide nain de jardin avec ses 7.355.602 euros pour le même temps de travail. M. Zaccharias a été dénoncé dans le cadre d’un conflit qui l’opposait au Directeur Général de la multinationale dont il était le président. C’est la morale contre le légal et le réglementaire.
Et soudain, dans le ciel couvert, on voit poindre une déchirure. Tout redevient possible pour ceux qui voudraient inviter les Français à la rupture totale dans ce payasage où domine la désinvolture.
Reste à trouver celui ou celle qui tiendra le discours susceptible de symboliser une grande espérance pour l’année prochaine, l’espérance d’une société faite aussi de fraternité et de solidarité.

R. Lauret


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