’Mon Dieu, pourquoi donc nous as-tu abandonnés aux logiques spéculatives ?’

4 juin 2005

(page 2)

Deux jours durant, de nombreux responsables (dont "une petite poignée d’élus politiques", ont relevé une représentante d’un organisme de logements sociaux) ont débattu "aménagement du Territoire et politique foncière" à La Réunion.
Riches, très riches débats, opportuns, lucides, audacieux parfois, très souvent convergents : les quatre ateliers et les séances plénières ont permis de dire et de redire que la clé de toute réussite, même relative, se trouve engluée dans l’absence dramatique d’un portefeuille foncier suffisant pour faire face à la demande qui arrive des secteurs de l’industrie, de l’agriculture et, bien évidemment, du logement.
Le foncier est devenu rare, mais il existe. Certes pas en quantité, mais il en existe ici ou là.
Il n’y en a pas plus dans la commune du Port, là où depuis plusieurs décennies, les municipalités successives ont “préempté” tout ce qui était préemptif. L’estimation du service des Domaines a toujours servi de base ferme pour la fixation du montant des transferts de propriétés entre le privé et la puissance publique.
Il en reste encore ailleurs dans l’île, propriétés de groupements privés ou de simples individus qui en sont propriétaires ici et là, dans le Nord et l’Ouest, dans l’Est et le Sud. Ces propriétés sont, bien entendu, dans le cadre de notre État de droit, gérées dans la plus totale transparence, certaines sociétés étant même cotées en bourse.
Gil Vauquelin, directeur régional de la Caisse des Dépôts et Consignations, a parfaitement décrit la réalité du tableau de bord de la problématique : tout ce qui pourrait être fait voit les effets espérés atténués et même chahutés par le coût du foncier, un coût totalement inapproprié aux contraintes qui sont celles du logement social, de plus en plus cher, de plus en plus ralenti dans sa progression par l’obligation de réhabilitation de ce qui est insalubre, de plus en plus repoussé sur les terrains difficiles.
L’essentiel des difficultés dans ce que nous devons entreprendre tient au statut des terrains. C’est clair.
Je l’ai rappelé, prenant la précaution de dire que beaucoup en sourient alors : la terre nous a été léguée il y a très longtemps par le Bon Dieu. Il y a des terres qui sont pauvres, d’autres qui sont riches ; il y en a qui sont bien situées, d’autres qui le sont moins.
Cette terre créée par le Bon Dieu pour que tous les humains y habitent a été un jour, et puis au fil du temps, accaparée par certains. Ils en sont devenus propriétaires et, "c’est humain" a-t-on dit, ils ont appris à se positionner dans l’attente de plus-values de plus en plus revalorisées parce que la collectivité (c’est-à-dire chacun d’entre nous) a équipé les territoires de routes, de réseaux et de services divers. Ils attendent que la réglementation vienne au-devant de leurs objectifs.
J’écoutais attentivement les débats et, résigné, je pensais à Jésus qui aurait pu s’écrier : "Mon Dieu, pourquoi donc nous as-tu abandonnés aux logiques spéculatives ?"

R. Lauret


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