Mon “Portugal - Pays-Bas” à moi...

28 juin 2006

Son Excellence, Monsieur Carlos César, Président du gouvernement de la Région des Açores, avait très bien compris, dimanche dernier, qu’entre le discours de bienvenue qu’il avait prévu de prononcer lors de la “récepçao oferecida” à ses honorables invités de la “Conferêncie internacional” consacrée à “A Politica Maritima Européra e as Regioes” et le match (de football évidemment) qui opposait dans le même temps le Portugal aux Pays-Bas, il allait se poser un sacré problème ! Les “honorables invités” n’ont pas fait dans le détail, ni dans la dentelle : ils n’arrivaient pas - ni eux, ni elles - à rester en place. Entre la salle du banquet et ses lustres débordants de lumière et, juste à côté, le petit coin de bar où un écran géant voyait le pays tout entier jeter toutes ses forces et tout son talent dans une bataille à nulle autre pareille pour que s’ouvrent à tout un peuple debout les portes des quarts de finale du Mondial 2006, leur choix fut spontané : ils passaient dans la première pour se remplir l’assiette (et le verre) et s’attardaient dans le second à implorer toutes les madones de la Terre !
Jean-Yves Dalleau, du cabinet du Président de notre Région et moi-même procédâmes comme eux. Pouvions-nous faire autrement ?
Dans l’après-midi, pendant que notre "Monsieur Europe" travaillait dans sa chambre à organiser le plan de l’intervention que j’aurais à faire le lendemain, j’avais profité de la seule heure de libre pour faire un tour de la petite et fort jolie ville d’Horta où les Açores accueillaient pour trois jours l’Europe maritime et ses RUP.
Une évidence vous remplit d’émotion : à tous les balcons, au bout d’un mât fièrement planté dans la cour, aux portières des voitures, dans les vitrines des magasins, dans les bars... partout, partout, partout... flotte le drapeau de l’unique Patrie. Dans ma tête et mes sens, je vis une bien douce métamorphose : je glisse, doucement mais sûrement, dans l’atmosphère des lieux, dans la peau et dans l’âme de ce peuple tout en communion... Je me sens gagné par la même hantise, le même ressenti, la même espérance. Je deviens Portugais...
Dans la toute gracieuse église où j’entre me recueillir juste quelques instants, je devine que les dames qui s’y trouvent ont la pensée tournée vers le Stadium de Nuremberg, là où dans quelques heures qui tardent à s’écouler, un grand moment de vie peut tourner au bonheur.
J’achète, pour 2,50 euros pièce, deux fanions : j’offre l’un au chauffeur qui me conduit. "Mundial... Portuguese" me lance-t-il en guise de “merci” et en pointant vers le ciel un pouce déterminé... Le second, c’est pour Ismaël Locate, grand collectionneur de ces bouts de chiffon qui font de cet ami un si attachant grand garçon...
Revenons à la salle de banquet et à notre petit coin de bar. Ici aussi, ils sont tous entraîneurs, sélectionneurs, joueurs, arbitres... Le Portugal a beau mener au score, son gardien a beau être le meilleur du monde, le bon Dieu a beau avoir manifestement choisi son camp, le poteau a beau être là pour repousser lui aussi la furie néerlandaise, mon plus proche voisin ne peut pas s’empêcher de faire comme les autres, Président de gouvernement compris : trouver - et le dire !- que ça fait belle lurette qu’on aurait dû avoir sifflé la fin de ce match... qui, "Ouais !!!" enfin se termine !
Dix secondes pour se remettre de toutes les émotions du monde. La “recepçào oferecida” peut se terminer... À Horta, ce soir là, on ne parlera plus que de ça... À Horta ce soir, on ne pense pas à samedi où le Mondial passera par Gelsenkirchen, et le onze d’Angleterre... À chaque jour son paquet d’émotion.

R. Lauret


Commentaires d’un lecteur

Un article m’a interpellé car il comporte quelque deux petites erreurs, dans l’édition du 22 juin.
Article Saint-Pierroise, SDFC, USB : pas que le Mondial...
La comparaison entre l’éventuelle défaite de l’équipe de France face au Togo, avec l’élimination de Reims par El Biar est jolie et plausible mais voici les deux erreurs principales :
Cette élimination de la Coupe de France se produit en 1957, et non en 1953, exactement le 2 février 1957, et en France (Toulouse) ! 2-0. Et surtout même s’il s’agissait du grand Reims, manquaient à l’appel Fontaine et Piantoni (blessés) et Kopa (au Real Madrid). L’attaque à belle allure toutefois se déclinait ainsi Hidalgo, Glovacki, Bliard, Leblond et Vincent. Il y eut d’ailleurs une revanche amicale à Alger l’été suivant, avec une victoire 6-0 de Reims et trois buts de Fontaine, rétabli, ce Fontaine, meilleur buteur toujours de la Coupe du Monde de football avec 13 buts (record imbattable).
Tout ceci m’amène donc à vous préciser que ces détails sont dans le superbe livre "Just Fontaine, Mes 13 vérités sur le foot" que j’ai co-écrit avec Just Fontaine, et qui est paru chez Solar en avril.
J’ai aussi réagi à cet article, car ma soeur vit à La Réunion où elle a trouvé mon livre, et j’ai visité ce beau pays, Saint-Denis, Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Gilles, etc., où j’espère revenir un jour pour plus de temps.
Salutations.

Jean-Pierre Bonenfant


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