Nicolas, le Marsouin

19 août 2005

Nicolas Avriama est un vieux copain que je n’ai pas vu depuis bien longtemps. J’en ai toujours gardé le souvenir de la rigueur et de l’attention du pédagogue, de la disponibilité du militant sportif et de l’intelligence du professeur d’E.P.S. qui, toujours, a su inviter ses interlocuteurs à être fiers de la terre réunionnaise, là où ils grandissent et là où ils ont à donner un peu de leur personne.
De sa personne, lui en a toujours beaucoup donné. Passé l’instant de plaisir que j’ai eu à le “retrouver” à la faveur d’un article du magazine “Visu” qui, dans son numéro du 29 juillet dernier, faisait de lui "l’ambassadeur de la ville" de Saint-Benoît, c’est non sans intérêt que j’ai lu l’interview qu’il y a donnée à la journaliste Isabelle Dalleau.
Nicolas parle avec passion de sa ville de Saint-Benoît, là où, "au milieu des jeunes qu’il suit dans leur évolution scolaire et personnelle, il travaille et passe l’essentiel de sa vie...".
Je le lisais donc... Des propos simples pour dire des choses simples et essentielles que l’éducateur qu’il est naturellement a eu à tenir un jour. Par exemple, ce jeune garçon qui voulait exercer "un métier de pouvoir" et qui lui expliquait : "je veux commander". Nicolas Avriama l’invitera à une promenade - qui dut ne pas être de tout repos - en montagne : "Son caractère, explique-t-il, s’est adouci, il est maintenant professeur des écoles, militant associatif à Saint-Benoît...".
Saint-Benoît a une image... une image négative... "Saint-Benoît : quartier Far West...". Le professeur d’EPS s’inscrit en faux. Il a bien raison : "... Il y a une concentration de jeunes, dit-il, pour une part chômeurs ou en mal d’activités qui souhaitent s’exprimer et se faire connaître par des actes qui frôlent ou tombent dans la délinquance. Mais si on regarde la presse, on se rend compte qu’ici il n’y a pas plus de voyous que dans les autres communes...".
Je ne suivrai pas mon pote Nicolas dans la comparaison entre telle ville et telle ou telle autre. Mais je ne peux qu’adhérer à son propos lorsqu’il souligne qu’il y a "une mauvaise presse" derrière ces images négatives qui font passer toute une population pour ce qu’elle n’est pas et qui collent à une cité un caractère fortement négatif qui ne correspond nullement à la réalité que tout monde vit chaque jour.
Notre monde traverse un temps où les images retenues pour être diffusées sont celles du train qui arrive en retard et qui n’ont rien à montrer sur ceux qui, eux, entrent en gare à l’heure prévue. Le voleur de scooter ternira le renom d’une ville alors que le beau geste de solidarité y restera le fait d’un seul citoyen.
C’est là une règle que chacun de nous vérifie chaque jour. Le Portois que je suis le vit souvent... Manifestement, pour Nicolas Avriama, il en est de même dans sa cité des Marsouins...

R. Lauret


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