Notre île...

9 février 2006

À l’heure où, hier, je pensais à mon “libres propos” de ce jour, la Commission du Développement Économique que je préside avec Emmanuel Lemagnen ne s’était pas encore réunie. Elle devait examiner les questions soumises en sa séance de ce jeudi 9 février, seulement dans l’après-midi. Quelques heures auparavant, tôt le matin, j’avais sollicité l’avis de Philippe Doki-Thonon sur une question qui était inscrite à l’ordre du jour et sur laquelle j’avais le sentiment que mon opinion première pouvait ne pas être la meilleure. Dans la situation difficile que connaît l’économie de notre île, plus particulièrement dans le secteur du tourisme, je m’étais demandé - dans mon billet de mercredi - s’il est décent que se déroule ici même l’opération “Jeux intervilles international” programmée pour dans deux semaines, du 25 février au 4 mars prochain. N’est-il pas préférable d’obtenir des organisateurs et de la société française “Mistral Production” qu’en raison du chikungunya, ces jeux internationaux qui verraient débarquer dans l’île des équipes de Russie, de Chine, d’Ukraine et de France, avec leur manne publicitaire, aient lieu un peu plus tard, dans un an ou deux, lorsque nos efforts à tous seraient venus à bout de l’épidémie ?
La réponse du président de l’Union des Métiers et de l’Industrie de l’Hôtellerie de La Réunion (U.M.I.H.R.) fut sans détour : "Nous devons montrer que notre île n’est pas morte, qu’il y a des énergies qui se battent parce que nous voulons nous en sortir, parce que nous allons nous en sortir..."
Propos spontanés... propos dont je partageais alors le bon sens quand, une heure après, la Une du “Quotidien” me foudroie littéralement : "Chikungunya : foutues rumeurs, 70.000 cas, 20.000 nouveaux malades en une semaine".
" 20.000 nouveaux malades en une semaine"  !!. L’annonce est confirmée en page intérieure. C’est le ministre de l’Outre-mer, François Baroin, qui l’a rendue publique la veille à Paris.
Me reviennent les mots de Philippe Doki Thonon : "Il y a des énergies"... "Nous voulons nous en sortir"...

En Commission, nous en discuterons longuement, très longuement, avec en toile de fond, toutes les incertitudes, toutes les craintes, ce que Lemagnen nous dit avoir entendu le matin même sur une radio de métropole (un médecin urgentiste qui, rentrant de La Réunion, a longuement décrit "l’enfer" d’où il venait de s’échapper). Nous en discuterons longuement, certains privilégiant leur émotion, d’autres la nécessité de faire valoir le principe de précaution. En coulisse, chacun admet que lorsque le Maire de Saint-Paul ose arrêter la démoustication des écoles de toute sa commune parce que, dit-il, "le remède serait pire que le mal", cela porte à réfléchir, à ne pas regarder la seule immédiateté des choses au risque de provoquer des situations incontrôlables. D’autres encore pensent que l’animateur des Jeux, le célèbre Nagui, pourrait œuvrer pour nous, contrairement à Francis Cabrel ou Julien Clerc.
Difficile pour certains de se décider. La subvention sollicitée par nos amis de Saint-Pierre n’est pas le problème. La question, la seule question est de se dire si la solution proposée pour sortir notre île du mauvais pas où elle est actuellement, n’est sans danger pour une île qui tangue. Notre île...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus