Nout vestige y reste, not memwar y sa va...

11 avril 2006

Vous connaissez La Plaine des Palmistes, sa jolie mairie, sa petite église, son domaine des Tourelles et sa cascade Biberon...
En cette époque où notre été commence à s’éloigner lorsque notre hiver austral n’y est pas encore, les nuits sont juste fraîches et les jours plus déjà chauds. Pour le citadin que je suis, la promesse d’un air rafraîchissant et pur est un bon produit d’appel pour que je m’y retrouve. Et si, en plus de cela, vous me conviez à une exposition dont le thème me promet que "Nout vestige y reste, not memwar y sa va", alors j’y monte. Que dis-je : j’y accours.
C’est comme ça que ce vendredi passé, j’étais chez Marco Boyer, mon ami de plus de quarante ans, maire du village et poète jusqu’au bout de ses mains qui savent si noblement rythmer son propos.
L’exposition, au tout d’abord, est sans prétention... Ça, c’est ce que l’on ressent au début d’une visite que l’on a balayée d’un coup d’œil à trois cent soixante degrés... Et puis, quand votre regard s’accroche au premier tableau ou à la première moulure qui sont sur vos pas, vous sortez de votre suffisance et, avec les jeunes artistes en devenir que Jack Bengthi a entrepris de pousser vers leur passé ignoré, vous prenez goût à prendre du temps pour vous attendrir à votre tour...
Éric Asserpe et ses stagiaires en “formation patrimoine” de l’Association “Les Citernes” vous mènent alors sur les voies d’un temps qu’ils n’ont pas connu. “Maître Jack” s’est chargé de leur confier qu’il y a toujours une âme qui dort dans les ruines que l’Histoire a pu sauver de la folie destructrice de la modernité dite rationnelle quand celle-ci a besoin de place pour nous coloniser. Ils sont allés au devant d’un voile qu’il leur fallut écarter pour se confondre alors dans la douceur des pierres qui savent devenir belles au fur et à mesure que la mousse des ans irrigue leurs veines, toujours portées vers leurs éternelles jeunesses...
Quand dans vingt ans La Plaine comptera douze mille habitants parce que des gens des villes auront choisi de troquer leur bel appartement bruyant pour la case où la tôle appelle la pluie qui berce vos nuits des grains du kayamb, il sera bon que les mémoires qui peuvent toujours flancher trouvent dans les vestiges qui sont restés le lien qui fait que nul devenir ne peut être s’il a oublié son passé...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus