On en a causé entre nous

20 août 2007

On est quelques-uns à en avoir causé entre nous : les deux éditions de l’autre semaine que le JIR a consacrées au fiancé réunionnais de la fille de Cécilia Sarkozy montrent à l’évidence que nous sommes atteint par le virus de la presse “people”. C’est ridicule, mais ça plait. Alors, on y va... Et voilà cette enfant que la première dame de France a eue d’un premier mariage avec Jacques Martin (c’est, dit-on, Nicolas Sarkozy, alors Maire de Neuilly, qui célébra la cérémonie) élevée au niveau d’une jolie curiosité et le fils du docteur Rallon sorti de son bel et tranquille anonymat. Cela a-t-il fait plaisir à ces deux jeunes d’être l’objet de l’intérêt populaire ? On peut volontiers espérer que non... Et l’on nous promet que lorsque les deux tourtereaux viendront en cavale amoureuse dans notre île d’ici la fin de l’année, de l’encre, beaucoup d’encre coulera, les flashes crépiteront et les photos s’afficheront ! Il paraît qu’il y a des lecteurs qui attendent ça... Bon appétit, Messieurs Dames. Vous luncherez sans nous...

Le JIR, Dieu merci, ce n’est pas que ça... Et nous sommes quelques-uns à en avoir causé entre nous : l’article sur deux pages que Marine Dusigne a consacré à notre jeune compatriote Gilles Gauvin jeudi dernier 16 août relève de ce que l’on peut qualifier de bon journalisme.

Comment, à partir d’une remarque pleine de bon sens d’un professeur (« Vous êtes Réunionnais, vous avez habité deux ans près d’Amboise, le fief de Michel Debré... ») est né le destin de Gilles Gauvin, un jour parti de son île natale parce que le jeune et brillant lycéen qu’il était n’entendait pas lâcher le judo où il excellait ? Ce fut donc Sport études à Orléans.

Et puis, le hasard veut qu’un jour notre jeune devenu étudiant tombe « sur un tome des mémoires de Michel Debré où il citait le cas d’un étudiant tourangeau qui avait commis quelques écrits sur sa carrière ». Et Gilles Gauvin de révéler que c’était lui, le tourangeau ! D’où « la remarque pleine de bon sens » d’un professeur qui avait bien... de la suite dans les idées !

Marine Dusigne nous invite - elle nous incite - à nous préparer à la sortie, en septembre prochain, de l’ouvrage de 160 pages que Gilles Gauvin a écrit, à partir de 26 mots choisis, « pour construire une histoire partagée et non une histoire octroyée » de la traite négrière. Dans « la globalité de ses réalités mondiales », souligne la journaliste du “JIR”.

Gilles Gauvin le dit : membre, à côté de Maryse Condé et de Françoise Vergès, du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage créé en janvier 2004, il a « réalisé que l’Antillais et le Réunionnais ignorent la plupart du temps l’histoire de l’autre »... D’où un Abécédaire « volontairement très ouvert qu’évoque l’esclavage de tout temps, y compris celui d’aujourd’hui... »

Un « Abécédaire » qui manque à la littérature universelle consacrée à un sujet qui fâche, qui dérange et qui va finir par s’imposer à chacun d’entre nous car l’Histoire que nous ont léguée nos parents est aussi et pleinement notre Histoire. Elle est l’Histoire tout court. Que nous le voulions, ou non !... Que nous en ayons honte et que nous en soyons fiers, ou non !

R. Lauret


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