On pose pour la photo, Mahorais et Comoriens mêlés...

19 novembre 2005

Vous avez peut-être regardé la télé hier matin aux premières heures du jour, sur le canal de RFO. C’était le temps du journal télévisé de Mayotte. Le Préfet de ce département français ultra-marin commentait les essais du système de détection des Kwassa-Kwassa par radar.

Et puis, information des plus futiles, la caméra de la télévision mahoraise nous offre des images de jeunes disputant une partie de football. Nous sommes sur un terrain tout bosselé, où le gazon est rare, où il n’y a semble-t-il de montants de buts que d’un côté, où les gamins n’ont pas des tenues extraordinaires et où un bon gros public ne dispose pas de tribunes. Des jeunes Mahorais de la Commune de l’Abattoir sont venus aux Comores disputer un match de foot contre leurs camarades d’ici. Ça déborde de pauvreté, ça déborde aussi de joie de vivre, de ce bonheur que l’on a quand on court derrière cet extraordinaire dénominateur commun aux fraternités disséminées sur toutes les terres du globe qu’est un ballon.

On pose pour la photo, Mahorais et Comoriens mêlés, comme s’il n’était de rien, seulement... simplement occupés à revivre le match qui n’est pas encore fini dans les têtes. Les adultes commentent : ils parlent de solidarité, d’échanges. Le football est entrain de tisser sa toile d’humanité. Devant mon petit écran, je me félicite qu’il en soit ainsi. Et, comme vous, je zappe... pour voir les images qui ont clôturé la rencontre valant qualification pour le Mondial 2006. Cela se passait mercredi dernier en Turquie où l’équipe de Suisse se déplaçait. La Turquie avait gagné 4 à 2. Mais ayant été battue 2 à 0 au match aller, elle se retrouvait éliminée. Dur à vivre... dur à assumer.

Une énorme bagarre aux poings et aux pieds ponctua la rencontre, sous les caméras des télévisions du monde entier. Une bagarre de voyous.
On ne posera pas, Suisses mêlés à Turcs, pour la photo de l’amitié. À ce niveau, le ballon n’est plus un dénominateur commun. C’est un enjeu de puissance, de renommée mondialisée. On envoie à l’hôpital, voire au cimetière après avoir pris place dans des stades modernes et quotidiennement entretenus. Le “fric” est l’élément commun incontesté, envié, ambitionné. Il irrigue toutes les veines du sport que l’on a livré à la curée de chauvinisme et de l’affairisme.

Bon (et Dieu merci), tous les matchs ne se terminent pas comme ce Turquie-Suisse de mercredi à Istambul. Il ne faudrait surtout pas que l’on juge la Turquie, éventuel futur État et partenaire européen, là-dessus. N’empêche... le football aurait-il été surtout créé pour que des jeunes Mahorais et des jeunes Comoriens nous rappellent que nos devoirs de solidarité et de fraternité passent par l’exigence du co-développement ? Oui, mille fois oui...

Et demain, ce dimanche 20 novembre, lorsque les joueurs de Vauban-Strasbourg monteront sur la pelouse de “Jean Ivoula” à Saint-Denis, quand nous ressentirons le gros frisson qui noue l’estomac en attendant notre souhait que le Chaudron triomphe, nous nous ferons un devoir de nous dire qu’il n’est de victoire que dans le respect de l’adversaire et qu’il y a des défaites qui nous grandissent.

R. Lauret


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