ooo : C’est notre point d’ironie

5 avril 2008

Ils étaient, pour ce 1er avril 2008, six copains - et pas une seule dame, si ce n’était la fille de l’un deux chargée, ironie du sort, d’immortaliser l’événement - ils étaient donc six copains (Emmanuel et Fabien Lemagnen, Daniel Vaxelaire, Joêl Manglou, Alain Vauthier et votre serviteur) qui s’étaient réunis pour constater que si notre littérature, ses littérateurs et ses littératrices usent (voire abusent) de divers signes de ponctuation pour exprimer « un ton, un rythme et un sens » et disposent pour cela du point, de la virgule, du point virgule, des deux points, des points d’interrogation et d’exclamation parfois même triplés quand l’étonnement est à son comble, des guillemets, des parenthèses, du tiret, des trois points de suspension, bref, et en un mot, quand il s’agit de marquer notre sens de l’ironie, nulle ponctuation n’est disponible.
L’ironie, rappellera celui des six copains qui s’est autoproclamé « président à vie » de leur « Académie des Bon Amis » (ABA), l’ironie donc est cette « raillerie consistant à ne pas donner aux mots leurs valeurs réelles ou à faire comprendre le contraire de ce que l’on dit ».
A ce qu’il paraît, le signe d’ironie qui pourrait venir ponctuer alors la phrase chargée et porteuse de cette raillerie là, c’est le point d’exclamation ou d’interrogation à l’envers, à moins que ce ne soit entre parenthèses. A ce qu’il paraît, Hervé Bazin en usa quelque peu. Le saviez-vous, vous simple mais authentique citoyen ? Non. Votre réponse est non. Et j’en veux pour preuve que ce signe là, seules les B.D. nous le sortent parfois !
L’A.B.A. eut donc été mal inspirée de s’y référer et de s’en contenter, elle dont un membre éminent, car portant large chapeau en toute circonstance, nous dira avec foi que « l’acide ou le vitriol de certains propos ponctués de ce signe se diluaient, laissant aux propos acerbes une dimension plus acidulée... », ce qui l’amènera à constater qu’« ainsi, de nombreux incidents éditoriaux eussent été assouplis mais soulignés » si cette « ponctuation nécessaire » avait existé, vraiment, réellement, indiscutablement, en un mot académiquement et donc irréfutablement...
Car, lancera-t-il comme pour inviter ses pairs à oser l’audace, l’acte créateur ou, si l’on préfère, l’insolence réfléchie, « l’ironie est un plat que l’on mange ni bleu, ni saignant mais à point ! » ooo
Cela suffit pour que, prié à mon tour de donner mon avis, je leur dise à peu près ceci :
« Mes amis,
L’ironie entend atténuer le foutan. Elle n’est point suspension, ni état final. Elle ne saurait faire grimper son sujet en verticalité pour une dégringolade risquée, assurée et fatale.
L’ironie, je vous le dis, c’est notre marque de fantaisie adressée à l’ami qui devra se demander s’il peut s’améliorer dans l’heure qui suit. Il le peut et donc se doit.
L’ironie, mes amis, est magnanime, jamais dose de déprime. C’est, permettez moi, notre cachet d’aspirine. Faisons en le rêve dont on revient, la nébuleuse des bulles de savon que petits et grands enfants s’amusent parfois à faire s’envoler pour que, à tout moment mais très rapidement, elles éclatent en même temps que leurs rires émerveillés, sous leur nez et devant leur regard admiratif redevenu soudainement celui d’adolescents. »
Et je leur ai rajouté : « Je vous propose que l’A.B.A. dise aux littérateurs et littératrices de tous les niveaux que l’indispensable « point d’ironie » prenne désormais la forme de trois bulles de savon. Elles seules sauront porter très loin notre souci de ne point renier notre aptitude à nous souvenir que beaucoup aimer implique qu’on sache un peu châtier... »
L’Assemblée, me croirez-vous ?, adopta ooo
Déjà, l’an dernier, elle avait aval(is)é que nos doigts de pieds ne pourraient indéfiniment rester sans appellations ooo

Raymond Lauret


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