’Oui, la démocratie est en danger...’

4 juillet 2006

Monseigneur Philippe Barbarin est ce qu’il est convenu d’appeler "la référence montante" de l’Église de France. Archevêque de Lyon et primat des Gaules, j’apprécie que le citoyen et le responsable d’institution qu’il est se mêlent de ce qui les regarde. Il vient de le faire en s’exprimant sur "l’ambiance générale" qui marque actuellement la vie politique française.

"Tous pourris ?". Non, répond-il, quand la question lui est posée à propos des élus. Certes, l’approche des échéances électorales, l’importance donnée aux sondages ou encore l’idée que l’électeur peut être un sujet versatile et donc sensible à la mode d’un instant, lient les élus à la nécessité, pour être réélus, de faire passer le court avant le long-terme. Mais, note Monseigneur Barbarin, "nombre d’élus s’attaquent aussi aux vrais problèmes : progresser dans l’art de vivre ensemble, faire attention à ceux qui peinent à trouver leur place dans la société, encourager les initiatives et l’esprit d’entreprise... Il est trop facile de crier "tous pourris"... Qu’on me montre un corps social sans défaut..."

Le "premier" des évêques de France est dans son rôle quand il rappelle que la vocation principale de l’homme politique, confronté à son rapport au pouvoir, sera toujours "le service". Et Monseigneur Barbarin de replacer ce combat, qu’il qualifie d’intérieur et de spirituel, dans sa dimension planétaire, tant au plan économique qu’écologique.

Il s’agit ici de ne pas séparer les problèmes de l’immigration, en France ou ailleurs, et l’extrême pauvreté des pays d’origine. "C’est une évidence", note-t-il en nous invitant à nous demander s’il n’est pas en définitive "honteux" que "nous ne tenions même pas l’engagement pris il y a 30 ans par la France à fournir 0,7% de son produit intérieur brut pour l’aide au développement des pays pauvres".

Ce qui est dit pour la France vaut, c’est une autre évidence, pour l’ensemble des pays développés, davantage enclins à recruter et à assurer des rémunérations mensuelles de centaines de milliers d’euros à des artistes ou footballeurs de pays en voie de sous-développement plutôt qu’à s’attaquer à des politiques de co-développement. Ainsi, on continue l’œuvre colonialiste facile qui consiste à tirer profit des valeurs des pays pauvres, plutôt que d’aider ces derniers à s’en sortir. "Donner une ambition large, nationale et mondiale, à l’action politique et pas seulement réagir à l’aune des biens particuliers" : Monseigneur Barbarin résume ici sa pensée et interpelle chacun d’entre nous à l’idée que, à notre place, nous nous faisons de notre rôle.

À l’heure où, avant de se scandaliser et, souhaitons-le, bientôt d’imposer enfin une révolte profonde qui balayerait les conservatismes d’une société aveuglée par l’appétit du profit, l’opinion publique s’émeut des salaires de certains patrons, de ceux des stars de la vie artistique ou sportive, n’est-il pas temps de dire, avec le citoyen Philippe Barbarin, que "oui, la démocratie est en danger si le débat public continue à rester terne et désenchanté, si on a l’impression qu’il n’y a plus de valeur stable et que tout flotte" ?

Curieusement, mais au sens positif de l’expression, samedi matin, au “Forum des élus associatifs du Port”, la même question était posée...

Raymond Lauret


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