Oui, papa... oui, maman...

11 décembre 2006

Dans son éditorial d’avant hier samedi 9 décembre, Jacques Tillier, le directeur du “JIR”, évoque (façon de parler !) la toute récente garde à vue dont Jean René Enilorec, l’actuel Président du Comité Régional des Pêches Maritimes (C.R.P.M.) de La Réunion, a fait l’objet. Une garde à vue « sans lacets ni ceinture chez les pandores avec en prime un passage direct par la case correctionnelle, c’est dire... si l’affaire de détournement dont il est accusé semble ficelée », écrit-il.
Je n’ai pas, pour ma part, à juger Jean René Enilorac et encore moins à écarter d’un revers de main le principe de la présomption d’innocence.
Je n’ignore pas que le journalisme d’investigation n’est pas à inventer et que ceux qui s’y mettent ont leurs sources et leurs ressources, à partir desquelles ils prennent le parti, soit d’anticiper sur les conclusions de la machine judiciaire, soit de se planter totalement.
Dans le cas du président du C.R.P.M. de La Réunion, j’ignore si le JIR, Jacques Tillier, leurs sources et leurs ressources se trompent ou bien lèvent un pan du voile derrière lequel il y a des faits graves. Là-dessus, j’ai ma petite idée, mais je n’ai pas à l’exprimer. Jean René Enilorac, lui, sait sur quoi il a été interrogé et ce qu’il a réellement fait ; ceux qui l’on interrogé également. Restons en là.
Mais, vous dites-vous, de quoi je me mêle ? En serai-je à vouloir zoomer sur le talent des journalistes, leurs imprudences coupables ou bien sur le douloureux destin de ceux d’entre nous qui s’impliquent dans la chose publique et qui, tels ces trains qui arrivent en retard, voient les projecteurs de la presse se braquer sur leurs petits manquements plutôt que sur leurs engagements quotidiens et réussis ?
En réalité, je me mêle d’une histoire qui me concerne directement. C’est que Jacques Tillier, toujours à propos de « la garde à vue » et « la case correctionnelle » qui va avec, pousse plus loin, bien plus loin que la seule personne de Jean René Enilorac, ses investigations. Évoquant (façon de parler, je vous le redis !) le trafic des bons d’essence qui vaut au “boss” du C.R.P.M. d’être interrogé, celui du JIR, notant que ledit trafic est « extrêmement juteux », révèle qu’il « met en cause, non seulement Enilorac, tout le comité des pêches, quelques élus de la région, mais aussi les affaires maritimes... »
Des « quelques élus de la région » qui s’occupent de pêche, je n’en connais qu’un. C’est moi. Moi même... Oui, papa, oui maman, moi même, mis en cause dans un trafic de bons d’essence extrêmement juteux !!!
Avant-hier samedi 9 décembre, dès 8h30, Jacques Tillier reconnaissait que les touches du clavier de son ordinateur avaient fait là une grossière erreur et qu’il pouvait en réalité s’agir d’élus d’une toute autre institution. Samedi prochain - peut-être avant - le rectificatif sera apporté. Je saurais, pour ma part, m’en satisfaire.
Cependant, je crois que la “grossière erreur” de Jacques Tillier a une explication. Dans certains milieux, il y en a qui rêvent que “quelques élus de la région” soient mêlés, voire même qu’ils soient au centre, de ce qui se dit à propos de la pêche : magouille, pots de vin, trafic et j’en passe... Si ce genre de rumeur prête en général à sourire, je comprends qu’un juge ou qu’un policier ne puissent pas, professionnellement parlant, la négliger. D’où certaines “fuites” qui se glissent alors dans ce que je regroupais plus haut sous l’expression “sources et ressources”. Zistoir tir si la ké pou vwar si la tèt i bouz.
Je n’en voudrais pas à un journaliste quel qu’il soit qui se trompe de bonne foi et le reconnait. Aux autres, quels qu’ils soient, de ne pas se prendre pour des journalistes...

R. Lauret


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