Je trouve pour le moins pitoyable la levée de bouclier de quelques figures politiques de l’UMP à l’encontre de Ségolène Royal suite à sa récente visite au Liban.
On le sait : le Moyen-Orient est un terrain miné, et pas seulement par les armes à destruction de populations civiles que les uns et les autres balancent un peu partout sans se poser la question de savoir combien de veufs, de veuves et d’orphelins vont découler de leurs funestes et tenaces opérations.
Le Moyen-Orient est également miné par les encouragements aux escalades ininterrompues que reçoivent de la part de certaines puissances étrangères les frères ennemis que l’on encourage à poursuivre et à amplifier les affrontements. L’Histoire ne suffit pas pour y compliquer la situation. Des États étrangers aux territoires en cause ont choisi de s’en mêler. Là-bas, un jeune âgé de 20 ans n’a jamais connu que l’ambiance de la guerre.
Que Ségolène Royal, candidate à la Présidence de la République, considérant qu’elle se doit de mieux sentir la réalité de la situation dans une région du monde où elle aura, en cas de victoire l’année prochaine, à prendre position, ait choisi d’y aller, d’y rencontrer les responsables et leurs députés, quoi de plus normal ? Que subodorant que de cette poudrière, elle ne connaît que ce que ses camarades ont bien voulu lui dire, qu’elle veuille en savoir davantage, faut-il le lui reprocher ?
Certes, on n’avait pas à s’attendre à ce que ceux qui la considèrent comme leur principale adversaire saluent son courage même juvénile et, sportivement, l’applaudissent. C’eût été trop demander à une “partie” de la classe politique française quand l’autre “camp” prend une initiative qui la gêne.
Mais qualifier de « vraiment inexcusable et inqualifiable » que Mme Royal ait « attendu 24 heures » pour mettre sur « le compte de sa méconnaissance des questions internationales », qu’elle n’ait pas aussitôt réagi à des insultes qui ont visé Israël et les Etats-Unis et qu’a prononcées un député du Hezbollah, insultes que ni la candidate socialiste, ni l’Ambassadeur de France qui était assis à ses côtés, n’ont entendues, c’est petit, c’est lamentable, c’est du n’importe quoi.
La “bonne” question eut été de lui demander ce qu’elle aurait fait et dit si elle avait entendu... Sans doute aurait-elle alors eu à répondre que, toutes les politiques étrangères ayant à ce jour échoué dans la recherche de la paix au Proche Orient, il convient de lui laisser le temps pour faire mieux qu’un certain... Nicolas Sarkozy. Lequel, aurait-elle pu rappeler, s’en est allé, s’en est tout de même allé à Washington serrer la louche à Georges W. Bush qui ne se demandait pas qu’en plus il lui dise ne pas approuver la politique de la France dans ce bassin de conflits permanents.
Car, en fin de compte et pour reprendre l’éditorialiste du quotidien du PCF “l’Humanité”, « la crise au Liban mérite bien mieux que cette querelle de petites phrases, surtout de la part de dirigeants de droite forts discrets lorsque les bombes pleuvaient sur les populations cet été... ». Surtout que nous ne devons pas oublier que tout cela ne remplacera pas l’avis autorisé que Mme Royal et d’autres candidats auront à nous faire savoir quant à notre plan réunionnais de développement durable.

Raymond Lauret