Plus de six ans après...

29 août 2005

Nous sommes, notez-le bien, en août 2005. Lance Armstrong vient d’être convaincu de s’être dopé... en 1999. Il a eu le temps de gagner six autres Tours de France, d’amasser une énorme fortune et d’avoir montré que l’on pouvait rebondir dans la vie après avoir failli trépasser à cause d’un cancer des testicules...
Si j’en crois ses déclarations depuis le Texas où il vit désormais, Lance Armstrong semble se moquer complètement de l’accusation. Il a sans doute tort. Mais il est un citoyen des États-Unis. L’honneur n’est pas la toute première des valeurs là-bas, au pays du dollar-roi ! C’est son affaire. À sa place, j’aurais saisi la Justice. Soit pour diffamation, calomnie, intention de nuire à autrui ; soit pour incitation, de la part de ceux qui organisent le Tour de France, mais aussi celui d’Espagne et le Giro italien, à utiliser des produits dopants.
Je soulignais ici-même le 23 juillet dernier dans mes libres propos ("Au tribunal de la tricherie cycliste") que si Armstrong, dans les étapes de montagne et au classement général était devant, les images que nous avons en direct nous permettent d’attester que, juste derrière lui, dans les étapes de montagne comme au classement général, il y a de nombreux coureurs cyclistes qui, ma foi, ont l’air bien costauds eux aussi.
Ivan Basso était à moins de 3 minutes de l’Américain, Rasmussen à un peu plus de 3 minutes, Christophe Moreau à quelque 13 minutes. Cela veut dire quoi ? Qu’ils ne se doperaient pas, eux ? Et on ne l’a pas trouvé ?
Mais bien plus grave, les organisateurs de ces grands événements cyclistes que sont les Tours de France, d’Espagne ou d’Italie annoncent régulièrement des horaires de passage des premiers pour chaque étape. L’heure probable d’arrivée, à quelques minutes près, est étonnamment respectée chaque jour. C’est dire que les organisateurs estiment que les coureurs sont capables de réaliser les temps qu’ils prévoient, voire même qu’ils imposent, puisque l’élimination des traînards se fera en fonction des chronos des meilleurs.
De plus, à demander à des coureurs dont la profession est de pédaler le plus vite possible, de se taper plus de trois semaines d’efforts journaliers intenses coupées de deux jours de repos (passés à reconnaître, à vélo, l’étape du lendemain, histoire de ne pas perdre le rythme !), ne les pousse-t-on pas à devoir absolument renforcer leur résistance à l’effort, autrement dit à se doper ?
Enfin, et j’en aurai fini, plus de six ans après, on découvre que...!!! Dites !
Dites, messieurs les faiseurs de morale, vous croyez que cela fait sérieux tout ça ? Vous croyez que c’est sérieux de demander à des sportifs de tels efforts sur des temps aussi longs et sur des profils de course absolument dingues avec les cols qui succèdent aux cols et de venir, plus de six ans après, crier, triomphants, que, “Eurêka !”, vous avez trouvé des traces d’EPO dans le pipi ?
Si la triche dans le sport est condamnable, et elle l’est, alors il conviendrait que l’on revoie un peu les programmations que l’on impose à la machine humaine et que l’on mette les moyens pour débusquer les tricheurs dans les heures qui suivent la faute.
Car plus de six ans après, cela ne fait plus sérieux.

R. Lauret


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