Plus loin que mes seules terres

4 février 2005

(Page 2)

J’ai eu, en novembre 2002, le privilège de partager quelques instants de l’attention que Jean-Paul II accorde, chaque mercredi au Vatican, à plusieurs milliers de personnes venues de nombreux coins d’Europe, d’Afrique et d’ailleurs.
Je n’ai pas oublié et n’oublierai sans doute jamais l’image de sérénité et le degré d’écoute qui se dégageaient du visage et du regard de cet homme de plus de 80 ans, sage et aguerri et qui depuis maintenant 25 ans, explique à ceux qui l’écoutent que "l’espoir n’est pas un optimisme vide émanant de la conviction naïve que l’avenir sera nécessairement meilleur que le passé...".
Je n’ai pas oublié et n’oublierai sans doute jamais le clin d’œil... disons complice... qu’il nous adressa à un moment d’une rencontre largement offerte à la foule qui, animée de la force tranquille de sa foi, l’interpellait par ses chants et ses vivats émus. J’avais alors en mémoire qu’il avait dit un jour qu’"espoir et confiance, prémices de l’action responsable, sont nourris dans ce sanctuaire intérieur de la conscience, où l’homme est seul avec Dieu et perçoit donc qu’il n’est pas seul face aux énigmes de l’existence".
Je ne pu m’empêcher de penser, longtemps après, lorsque la vie me semble difficile à comprendre et à mener et que le vent du découragement gagne du terrain et m’atteint, que Jean-Paul II aura consacré son existence à inviter les humains à refuser la résignation sous toutes les formes qu’elle peut prendre, qu’il l’aura fait alors même que les épreuves et la maladie ne l’ont pas épargné.
Son état parfois d’extrême faiblesse physique n’a jamais atteint sa vigueur intellectuelle. Je me suis, comme bien d’autres, souvent demandé où il pouvait trouver la ressource pour se lever chaque matin, réfléchir à la mission qui est la sienne et dont il a accepté l’ampleur et l’universalité.
Lorsque, Dieu seul sait quand, un jour il s’en ira, laissant aux générations à venir l’immense héritage de sa vie, j’aurais une pensée émue pour ce géant de nos temps. Et je n’aurais pas eu peur pour lui.
Ce jour là, bien au contraire, je ressentirai la satisfaction qu’il m’a finalement donnée en m’invitant, à ma façon et à ma place, à voir plus loin que mes seules terres et ma seule famille, quelles qu’aient été ma religion et mon origine.

R. Lauret


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