Pour ceux qui n’auraient pas tout compris

12 octobre 2005

À avoir privilégié le caractère forcément détendu du “petit déjeuner du Quotidien”, j’ai conscience de n’avoir pas été à la hauteur de l’objectif recherché par Bruno Geoffroy et Franck Cellier qui m’avaient convié jeudi dernier à partager la discussion avec Guitôt Narayanin, autour d’un café et de quelques croissants.
Guitôt est un vieux copain qui n’a pas toujours été à la tête de la fortune qu’il gère maintenant. Je l’aime bien, ne serait ce que parce que, me semble-t-il, il est aujourd’hui resté le même qu’il y a 25 ans : simple, “bagarreur”, parler franc, sans complexe, fidèle à ses racines de malabar réunionnais qui marche dans le feu, exigeant et bosseur.
Je n’ai pas à m’opposer, moi l’élu membre du P.C.R. qui doit se battre, à Guitôt Narayanin, le chef d’entreprise qui réussit. Il a les idées du patron qui a commencé petit avec des ambitions de grand. Et la loi fiscale et les organisations syndicales existent pour réguler ses résultats financiers vers ce que le système français appelle la nécessaire contribution du profit à la solidarité.
Je le conçois : il ne doit pas être évident pour deux journalistes de “placer” en deux pages qui se liront en 15 minutes tout ce qui a été dit en un peu plus de deux heures de discussion sans temps mort, d’autant que, je l’admets tout à fait, étant généralement du genre conciliant, je suis, dans la relation à l’autre, davantage à la recherche de ce qui se complète et unit pour construire plutôt que de ce qui fâche et paralyse. Faiblesse ? Foi en l’homme ? Selon qui vous êtes, vous répondrez...

Aux cotés de Guitôt Narayanin, j’avais souligné que mon rôle de responsable - au Port hier, à la Région aujourd’hui - est de faciliter toute entreprise sans qu’on ait besoin "d’attendre 150 ans pour voir si un projet est bon". J’ai alors et aussi cité cette école de 15 classes construite en 6 semaines parce que la priorité, c’était l’accueil de 400 élèves et non pas le formalisme de la réglementation. S’agissant de l’implantation de certaines entreprises réunionnaises à Madagascar, j’ai insisté sur les délocalisations qui peuvent convenir pour la Métropole et l’Europe occidentale, là où les populations vieillissent, stagnent, voire diminuent. Rien à voir avec notre île où, la démographie étant ce qu’on connaît, nous avons besoin que s’y créent des emplois, en même temps que notre environnement géographique, avec Mada et les Comores notamment, nous oblige à un devoir de solidarité, de cette "solidarité qui est une valeur de civilisation fondamentale". La voie est à chercher...
J’ai également plaidé pour que l’on sache faire un toilettage (de fond) de nos régimes d’aides publiques. Il importe qu’en 2005, on s’interroge de savoir si ce qui a été pensé, il y a 10 ou 15 ans, est toujours adapté à la réalité d’une économie qui, en quelques années, a mondialement privilégié les délocalisations et les services. En ce sens, l’expérience de bien des sociétés et de leurs patrons, donc Guitôt Narayanin, doit être regardée de près. C’est là une responsabilité que j’aurais à assumer avec d’autres, élus et partenaires du monde de l’économie.

La spontanéité qui sied au “petit déjeuner du Quotidien” a ses avantages. Plusieurs amis m’ont dit avoir aimé ma rencontre avec Guitôt telle qu’elle a été retracée, loin de l’opposition classique entre “un communiste” et “un petit patron”. Oui, ... Ok... Bon !!! Mais il reste ceux qui n’auraient pas tout compris. Pour eux, ces quelques lignes sont peut-être nécessaires.

Raymond Lauret


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