Pour le droit à l’initiative économique...

26 mai 2007

Quand, dans 15 ou 20 ans, le filtre du temps aura sélectionné les faits qui ont marqué l’an 2006, à n’en pas douter, on ressortira que cette année-là, c’est à Muhammad Yunus que le Prix Nobel de la Paix a été accordé.

Dans 15 ou 20 ans, quand le rouleau compresseur de l’économie mondialisée aura atteint sa vitesse de croisière et que, ici et là, c’est-à-dire partout, il ne restera plus que des multinationales, on mesurera pleinement combien aura été immense le combat lancé depuis le Bangladesh au début des années 1980 par cet homme hors du commun, homme d’action et de pensée qui a réussi à donner du corps à la certitude qu’il avait que le micro-crédit mis à la disposition des plus pauvres est une porte ouverte qui apporte un peu d’espoir à ceux que “la croissance” ne peut concerner.

Muhammad Yunus a alors créé “la Grameen Bank”, une banque qui prête aux pauvres, à ceux-là qui n’entrent pas dans le moule du client traditionnel, à ceux-là qui n’offrent pas de garanties suffisantes pour que le risque que prend l’établissement financier soit raisonnable et mesuré.

Son expérience menée dans un des pays les plus pauvres de la planète est en passe de démontrer là-bas qu’elle représente davantage d’espérance et, partant, de dignité pour des millions de Bangladais que les dizaines de milliards de dollars “d’aides” arrivées de partout pour alimenter les circuits classiques “du développement”. D’autres hommes dans d’autres pays l’ont suivi dans ce qui se définit sous l’appellation de micro-crédit.

L’image tranquille de Muhammad Yunus accompagne-t-elle le quotidien des conseillers (des militants, devrai-je dire) de l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique, cette A.D.I.E. qui est “descendue” sur nos places publiques cette semaine ?

Comme dans toute la France, notre île a vu dans deux de ses communes - St André et St Pierre - plusieurs dizaines de Réunionnais venir à la rencontre des agents du droit à l’initiative économique.

L’ADIE-Réunion a accordé, pour la seule année 2006, pas moins de 188 micro-crédits d’un montant maximum de 5.000 euros remboursables en 2 ans au taux de 7,02%. Ces 188 micro-crédits ont permis la création de 187 entreprises et ont généré 225 emplois.

Par ailleurs, des prêts d’honneur peuvent compléter ces micro-crédits (5.000 euros maximum) ainsi que des avances remboursables (jusqu’à 6.000 euros). Le prêt de divers matériels existe aussi, ainsi que l’accompagnement individuel apporté par les conseillers de l’ADIE et adapté à chaque cas.

Nous pouvons le dire : La Réunion est au début d’une prise de conscience. Le micro-crédit est un état d’esprit qu’il nous faut apprendre à saisir et à partager dans notre engagement, comme l’a fait Muhammad Yunus lorsque, il y a 25 ans, ce professeur d’économie a choisi de sortir de ses bureaux pour aller à la rencontre de son peuple. Son livre (“Vers un monde sans pauvreté”, chez JC Lattés) relate son parcours certes a typique mais dont personne n’oserait contester qu’il soit nécessaire et exemplaire.

Je vous propose, pendant quelques jours, dès mardi 29 mai, de découvrir ce que furent les constats et les réflexions du Prix Nobel de la Paix, ce que furent ses tourments quand “sa vérité” lui apparut dans toute sa brutalité et puis ce que fut sa vie quand il prit le parti de s’engager...

Raymond Lauret


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Messages

  • ...j’espère que vous ne censurez pas ma prise de parole...

    concernant le micro crédit, il ne suffit pas de rappeler les chiffres de la création et de l’effectif salarié ...on s’aperçoit alors que les emplois créés correspondent essentiellement à ceux des créateurs eux mêmes...
    on est donc sur une démarche où "l’entreprenant" créée son propre emploi.
    ensuite, il serait intéressant de connaître le nombre d’entreprises toujours en activité...rappelons que la réunion détient un "taux de mortalité" des entreprises naissantes relativement important et cela malgré la multiplicité des structures d’accompagnement, d’aides et de conseil gratuits ou quasi gratuits..
    sommes nous donc en face de mauvais conseilleurs, de mauvais entreprenants ou d’un peu des deux ...?
    créer son activité ne signifie pas pérenniser dans le temps son activité.
    il ne faut donc pas se gargariser sans cesse des bien faits du micro crédit. c’est un outil de développement comme un autre, louange soit rendu à son instigateur... mais le développement n’a de sens que si ce développement est durable, pour reprendre une expression chère à certains. sommes nous certains que les conditions de la "durabilité" et les moyens pour y parvenir sont en place ?
    je ne le crois pas puisqu’aucun système de mesure de l’efficacité et de l’efficience ne sont mis en place dans ces structures, tout comme la fonction publique et assimilée (salarié des établissements publics type chambre de commerce, chambre de métiers) refuse encore et toujours de faire sienne ces notions qui ne sont ni plus ni moins, qu’une façon d’être critique envers soi même et de se poser la question du bien fondé sinon de l’opportunité des actions initiés auprès des "entreprenants".

    allez...réunionnais...Rendors toi .. ceux qui sont tout en haut de la pyramide (sociale, politique, ...) jouent les prescripteurs..tout au plus des commentateurs toujours insuffisamemnt avisés apparemment...


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