Pour le peuple donc : “la symbolique des claques balancées à coups de pied...

19 avril 2008

Bien sûr, quand on est habitant de cette île et qu’on est donc pétri du devoir de citer « l’identité réunionnaise générée par le brassage des cultures » comme garde-fou face « aux vieux démons de l’oppression et de la discrimination », on ne peut que se féliciter que Jean-Yves Langenier, Président du TCO, ait réagi sitôt parue en “Une” d’un journal local la photo en gros plan du visage de Thierry Robert. Cette photo laissait imaginer que le nouveau maire de Saint-Leu avait reçu un violent coup de pied en plein visage. Et l’allusion du spécialiste des “Unes” du journal en cause est tout ce qu’il y a de plus dégueulasse : pour lui, les claques - “la première” qu’aurait reçue Thierry - se donnent aussi à coups de pied qui, en plein visage, marquent le fautif en rouge-sang, du sang qui signe de son empreinte la trace que la sanction a été élevée au rang d’une volonté populaire.
Et le Maire du Port a bien raison de s’interroger et de se scandaliser : « Où est notre dignité ? Comment ne pas percevoir, à travers cette représentation, que certains jugeront à tort anecdotique ou maladroite, les séquelles de la période esclavagiste ? » ...
D’où son opinion, que je souhaite largement partagée : « Le message contenu dans cette image ne peut être réduit à un “jeu de mots” innocent, car il porte en lui les stigmates d’une société déchirée... »

Oui, je le pense et l’écris, cet acte de presse est dégueulasse. Il n’y a pas d’autres mots.

Force est cependant de constater que, pour certains, il est dans la lignée de ce qui fait vendre. Et, confrontée à la dure nécessité de faire du chiffre pour assurer sa réussite financière, une certaine presse s’y est tout naturellement grossièrement installée. Cette presse s’est donc également tout naturellement attachée les services de “spécialistes” de ses “Unes”, là où on placarde ce qui va déclencher chez le consommateur le besoin d’acheter. Acheter pour aller plus loin dans le besoin de baigner dans les péripéties qu’on nous impose insidieusement comme étant l’essentiel de la vie. Puisque ça fait vendre et que ça s’achète et se consomme...

Et alors, tout ce que le journal en question compte d’informations intelligentes, subtiles, opportunes, tout ce qu’il compte comme réflexions sorties de journalistes aux plumes talentueuses et sensibles, tout cela se retrouve au second plan, relégué par le travail du fameux spécialiste de “Une” au rang de ce qui est réservé à une élite.

Pour le peuple donc, la symbolique forte et assénée de claques balancées au visage et jusqu’au sang, à coups de pied. Pour les autres, pour le reste... Ce qu’il en reste ! Ainsi irait donc la vie ??!!

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus