Pour toi, Aude, bien sûr que je serais venu...

8 juillet 2006

J’aurais aimé avoir été militaire. Non pas pour faire la guerre. Simplement pour l’ordonnancement des gestes et choses, pour le respect des valeurs et le silence qui s’impose quand le drapeau est monté et que l’hymne national retentit.
Du temps de mes histoires de jeunesse boutonneuse, on en riait à gorges déployées du sous-adjudant sommé de choisir d’être "âne ou bourrique" et qui répondait : "les deux, mon colonel !" Ou encore du contre-ordre qui vient rectifier l’ordre. C’était notre façon à nous de nous “venger” de l’idée qu’on nous avait apprise à l’école et selon laquelle l’Armée, c’est avant tout les baïonnettes et les canons de Waterloo, les américains au Vietnam, les S.S. envahisseurs de la Patrie, Hitler et Mussolini.
Jeudi soir, à la Base aérienne, 181 Roland Garros à Gillot, il y avait de l’ordonnancement dans ces gestes qui font les choses, il y avait du respect à travers le silence qui voit flotter le drapeau tricolore et retentir la marseillaise, il y avait de la douceur et de la mélancolie dans les airs de musique militaire qui ont ponctué le début de la soirée à laquelle j’y étais... Et de là où les hommes du protocole m’avaient adroitement demandé de m’y placer, avec les autres et le public, j’eus le loisir de voir arriver les officiels.
Toute de rouge vêtue, d’un pas qui se voulait serein parce que dans le même temps elle donnait l’impression de s’appliquer à l’assurer, celle qui m’avait personnellement invité ce soir-là (en insistant bien : "Eh ! Mon chéri, surtout, tu s’ras là, hein, surtout..."), Aude Palant Vergoz , plus rayonnante que jamais, “Madame Aude” se détachait du petit groupe.
Mais bien sûr, Aude, que je serais venu... Pour toi, en reconnaissance à ta vie totalement engagée au service des autres ; en hommage à ta façon de dénouer les problèmes des largués d’un moment quand tu en relativises la difficulté et surtout en leur montrant que, s’ils se battent, ils en sortiront grandis ; pour te dire que je suis, moi aussi, attendri par tes yeux bleus qui savent se faire gros pour gronder le naïf, par ton sourire qui sait être sentencieux pour dénoncer les profiteurs de naïfs ; oui, pour toi Aude, bien sûr que je serais venu...
Et t’as vu, comment devant tout le monde, nous sommes quelques uns à avoir bousculé le protocole et les retenues qui vont avec, surtout dans la maison de la grande muette, et à nous être approchés de toi !... Et là, alors que les convenances conviennent qu’on laisse la récipiendaire au bout de ses émotions puisqu’elle va devoir affronter les louanges officielles, nous t’avons les uns après les autres serrée contre nous, embrassée, sourit... et tu t’es laissée faire, redevenant notre "Madame Aude" à nous...
Que veux-tu que je te dise encore ? Il n’y a que toi pour obtenir de notre Préfet Laurent Cayrel qu’il sorte un coup de sa fonction pour se laisser aller, avec un talent qu’il nous tardait de découvrir, sur les sentiers de l’humour. Son sourire détendu m’a bien fait plaisir. A toi aussi d’ailleurs, qui t’es sans doute rappelée que la "radio-qui-te-colle-à-la-peau" ne l’a pas toujours ménagé au plus fort des crises qui l’ont accueilli dès sa prise de fonction, une fois qu’il eut, comme il se doit à tout Préfet dès sa descente d’avion, "accompli deux actes incontournables : s’incliner devant le monument aux morts le matin et, l’après-midi, écouter Radio Freedom".
Une semaine après, mon amie Denise qui recevait l’autre dimanche au Tampon des mains de Gérard Ethève l’insigne de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur, te voilà toi aussi reconnue par la Nation. Tu veux que je te le dise encore : elle n’a pas grand mérite, la Nation. Ça fait longtemps que ton peuple de petites gens t’avait déjà désignée, élue, élevée dans leur cœur...

R. Lauret


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