Prix des carburants : aujourd’hui que certains ont envie — entre autres — de verser à des entraîneurs et à des joueurs de quelques clubs de football des salaires de l’ordre de 500.000 euros par mois, pas facile d’être maire à La Réunion…
6 février 2012
Les producteurs de carburant — ils sont quelques petites dizaines seulement dans le monde — et leurs maisons intermédiaires de toutes sortes se frottent en ce moment les mains. Ils le vérifient : ils peuvent, là où ils sont, quand ils le veulent et comme ils le veulent, augmenter le prix et les éléments constitutifs du prix d’un produit dont ils ont le monopole et dont quasiment tout le monde sur presque toute la planète Terre a quotidiennement besoin. Dans les cités, ça peut grogner et ça peut barrer les routes pendant deux jours ou trois. Ils le savent : ça finit toujours par obliger les édiles de tous les niveaux des régions à se mettre autour d’une table pour chercher sur quels chapitres de leurs budgets respectifs trouver des économies à faire. Actuellement encore, les producteurs de carburant peuvent se frotter les mains. Ils peuvent rigoler entre eux : la présente augmentation n’est point la dernière. Partout et ailleurs…
La Réunion n’échappe pas à leur petit jeu. Elle est prise dans les mailles des filets par eux tendus. Et ils n’ont pas fini d’en voir, nos maires et autres conseillers et Préfet, avec les associations de consommateurs et de professionnels de la route qui trouvent qu’on les étrangle un peu trop et qui n’ont pas d’autres alternatives, puisqu’ils sont « obligés de passer à la pompe quand le réservoir est vide », que de menacer de barrer les routes pour obtenir que ça baisse…
Pas simple d’être maire aujourd’hui. Plus que jamais, nos édiles se trouvent à portée de gifle. Car voilà qu’on leur demande d’accepter de « mettre au pot commun toutes les recettes générées par la (dernière) hausse des prix du carburant », lesquelles recettes, qu’ils ont déjà intégrées à leurs budgets, seront redistribuées aux usagers. Pas simple d’être maires à La Réunion. Car le calcul, on ne peut plus élémentaire à faire, montre que les quelques 10 millions d’euros que représentent ces recettes en surplus, quand on les divise par les quelques 400.000 véhicules qui sont immatriculés chez nous (ces deux nombres étant arrondis pour rester dans les grandes lignes du problème posé), cela ferait 25 euros en moyenne par véhicule et par an. C’est à dire 2 euros par mois d’économie par véhicule, en moyenne. Chacun aura vite fait le tour de la question : s’il n’y a que ça, aucun contribuable ne ressentira un quelconque effet de cette mesure.
Or, dans le même temps, il faut noter, précise-t-on, que « pour certaines petites communes, l’octroi de mer représente plus de 50% du budget de fonctionnement. C’est un problème de fiscalité : si elles concèdent une partie des taxes perçues, elles seront obligées de faire payer davantage d’impôts ».
La voilà donc la problématique : pendant que les grosses enseignes de produits pétroliers et leurs partenaires intermédiaires augmentent tranquillement à la pompe le prix du produit, ce qui leur permet — entre autres, entre autres !!! — de verser à des entraineurs et à des joueurs de quelques clubs de football des salaires de l’ordre de 500.000 euros par mois, il s’agit pour les Maires de rendre au consommateur 25 euros par an en moyenne et de lui annoncer qu’il va falloir bientôt augmenter les impôts.
Tous nos maires font-ils se lancer au secours des Réunionnais sur de tels termes et pour un tel résultat ? Ne seraient-ils pas, avec les usagers et les transporteurs, mieux inspirés de relire avec attention l’argumentaire qui a été examiné vendredi dernier lors de la plénière du Conseil Régional ? Peu devrait importer à chacun que cet argumentaire ait été présenté par les élus de l’Alliance. L’important, c’est qu’il pose le problème du carburant dans sa globalité et non pas par son plus petit bout. Je suggère à notre rédacteur en chef d’en publier à nouveau le texte. C’est on ne peut plus clair et éclairant.
On y reverra que dans la composition des prix des carburants, il n’y a pas que les produits fiscaux perçus par les différentes collectivités et qu’il y a l’écran de fumée qui entoure la nécessaire « transparence sur les prix d’achat et d’approvisionnement des hydrocarbures à la source ».
On y verra aussi qu’est rappelée l’impérieuse nécessité de développer les énergies renouvelables, seule solution conséquente « pour lutter contre la dépendance de notre île vis-à-vis des carburants fossiles ».
Peut-être qu’après tout le monde verra plus clair, ce qui permettra à l’État de pouvoir compter sur le soutien de tous pour que, plus jamais, rien ni personne ne viennent entraver les avancées de notre île vers son autonomie énergétique. Les Verts l’ont semble-t-il bien compris, eux qui dans un tout récent communiqué préconisent « que tous les crédits soient réservés à la construction d’une alternative sur rail (électrique ou solaire) de Sainte-Rose, Saint-Joseph vers Saint-Denis, des liaisons entre bas et hauts (bus, funiculaires) devant compléter ce dispositif ».
Il faudra qu’on le ressorte, ce Tram-Train que certains se sont empressés d’enterrer. Ne perdons pas de temps.
Raymond Lauret
La motion présentée par l’Alliance
Voici un extrait de la motion présentée vendredi en assemblée plénière. Les Conseillers régionaux, réunis en assemblée plénière, demandent : - au Préfet et au Président du Conseil régional de publier la composition des prix des carburants, les recettes perçues par les pétroliers et par les différents acteurs de la chaîne de composition des prix des carburants, ainsi que les produits fiscaux perçus par les différentes collectivités, au titre de la taxe spéciale sur la consommation des carburants (TSCC) et de l’octroi de mer, afin d’informer exhaustivement l’opinion publique - au Préfet de poursuivre les investigations nécessaires pour faire toute la transparence sur les prix d’achat et d’approvisionnement des hydrocarbures à la source |