Professeur de « philosophie morale et politique »

7 avril 2008

La semaine qui vient de s’écouler serait-elle à marquer d’une pierre blanche ? J’en parlais avec un ami et nous en convenions. Trois bien perceptibles frémissements l’ont à nos yeux marquée.

En tout premier lieu, citons l’invitation lancée aux catholiques par Gilbert Aubry et puis, dans la foulée, par le père Paul Valadier le 1er avril lors d’une conférence-débat, à « agir ensemble pour la société de demain ». Que des hommes d’église osent évoquer « la détresse du politique et la force du religieux », qu’ils n’hésitent pas à inviter les peuples à s’interroger sur certains errements de « l’idéologie du progrès », qu’ils soulignent l’impuissance de l’Etat et de la République devant certains problèmes (le sens de la mort, la sexualité, l’homosexualité) qui touchent notre société, cela relance (et parfois lance) un débat qui s’est tari ou n’a jamais eu lieu, sinon dans un huis clos gêné. Et quand Paul Valadier, que l’on définit comme «  professeur de philosophie morale et politique  », nous rappelle que l’Abbé Pierre a su réveiller la fibre démocratique en France quand il a poussé son fameux cri de révolte un soir où les étoiles éclairaient les trottoirs où dorment encore trop de citoyens qui n’ont fait de mal à personne, il faut vouloir rester sourd et aveugle pour ne pas voir et comprendre que nous sommes plus que jamais, qui que nous soyons, invités à ne pas ignorer l’essentiel : notre société est en premier lieu faite d’hommes et de femmes pour lesquels le discours politique doit répéter que « la mort n’est pas le dernier mot ».

Et puis, il est bon, comme l’ont rappelé Gilbert Aubry et Paul Valadier, que l’on sache que « si l’église prend sa part de parole dans le combat politique, elle doit s’attendre - et c’est heureux - à être contestée ». C’est le prix à payer pour que comme l’a dit Régis Debray, « d’une laïcité d’incompétences, on entre dans une laïcité d’ouverture ».

En second lieu, il y eût, dans la salle de réunion d’une entreprise commerciale bien en vue dans le Nord de notre île, cette rencontre autour de l’avenir que notre société qui est entrain de privilégier « la force du diplôme au détriment de la relation à la personne » réserve à l’économie sociale et solidaire.

Les dangers de « l’ère du tout marché public » (cette équation que la loi a mise en avant pour régir les commandes qu’ont à assumer les collectivités) ont été passés en revue. Devons-nous rester silencieux quand articles de loi et décrets d’application s’engagent dans un processus de banalisation coupable, car laxiste et mercantile, de la démocratie représentative en même temps qu’ils éliminent peu à peu nos forces vives participatives ? Que certains participants aient alors découvert (pour s’en scandaliser) les dangereuses dérives du système indemnitaire que la République consent à ses élus, voilà qui n’a pas manqué d’encourager dans leur combat aujourd’hui lancé ceux et celles qui, comme moi, entendent ne pas y renoncer.

En troisième lieu, il y eût ces invitations faites à nous tous, par le biais des grands panneaux d’affichage électronique, que la DDE gère à destination des usagers, de nos grands axes de circulation routière, à préférer le vélo si l’on veut ne pas voir se perpétuer les bouchons d’automobiles qui paralysent la vie économique de notre île. C’est là le signe que le combat mené par une (très grosse) poignée de citoyens entre dans les réflexions des cellules dirigeantes de notre pays.

C’est pourquoi, à Philippe Decotte, à Daniel Omer Hoareau, à Yvon Lucas, à Lucien et Simone Biedinger et à ces centaines d’autres dalons de nos routes avalées à la force du jarret, le sourire aux lèvres, la conscience et le cœur rafraîchis, je dis “Bravo et continuez...”.

Raymond Lauret

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus