Qu’a-t-il fait ? Ce que nous aurions fait nous mêmes...

11 juillet 2006

"Qu’as-tu fait, Zizou ?"
L’interrogation qui barre toute la “une” du “Quotidien” de La Réunion d’hier lundi a sans aucun doute été la même que dans bien d’autres journaux de bien d’autres pays et dans bien d’autres langues, pour faire le tour d’une planète que les feux d’artifices des stades allemands ont éclairée pendant ces dernières semaines.
Qu’a-t-il fait, Zizou ?
J’ose espérer que je ne suis pas le seul à le dire : Zizou, il a fait ce que tout être humain fait quand vous le traitez de “terroriste” parce qu’il est d’origine nord-africaine, donc musulmane. Voilà pourquoi, tout simplement pourquoi, Zizou a “pété” un plomb. Et il n’aurait pas dû ?
Bien sûr qu’il n’aurait pas dû. Parce qu’il y a l’image que nous aimions avoir de lui ; parce qu’il y a celle du garçon que tout père et toute mère auraient voulu avoir pour fils ou pour gendre ; parce qu’il y a celle du footballeur talentueux et capable d’éviter les tacles assassins, voire les encaisser, sans sourciller, parce que cela fait partie du jeu de certains et parce l’arbitre les sanctionne alors ; parce qu’il y a celle de l’homme réfléchi qui sait montrer la plus grande sérénité quand l’instant est solennel et qu’il ne faut alors surtout pas trembler.
Bien sûr que, devant mille télévisions qui diffusent en direct pour des centaines de millions de paires d’yeux, il n’aurait pas dû.
Mais alors, quand ? Quand aurait-il dû laver l’insulte suprême, l’insulte du lâche qui se camoufle suffisamment loin de l’arbitre et au milieu de la rumeur assourdissante du stade et qu’il vous la lance à la figure, sans témoin, devant des caméras qui n’ont pas d’oreilles assez fines pour enregistrer, mais qui ont des yeux gros comme ça pour filmer ?
Tu sais ce que je te dis, Zizou ? T’as bien fait. Et tant pis si nos yeux qui aiment la chasteté chez les autres ont pu, sur le coup, être choqués. Et tant pis si les angélismes de toute la Terre veulent bien s’interroger sur ta capacité à ne jamais te plaindre. Nul arbitre, ni nul tribunal ne pourraient juger ce que l’autre t’a balancé en plein visage de garçon qui est né en terre algérienne. D’ailleurs, ils auraient jugé quoi, puisqu’ils n’ont pu entendre et ont par contre vu et revu la vidéo, celle qui garde à jamais les images et ne retient pas le son ?
On t’avait fait Dieu. Tu n’es fait que de chair et de sentiments. On avait oublié que tu es seulement un homme. Un homme qui réagit aux propos et à la lâcheté des insultes racistes.
Merci de l’avoir rappelé à tous ceux qui t’admirent même au prix d’un carton rouge à mes yeux bien dérisoire en certaines circonstances...

R. L.


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