Qu’est-ce qu’il fout, le Bon Dieu ?

26 mars 2007

Darfour... La presse en parle de temps en temps, et même de plus en plus souvent. Darfour : quatre ans que dure maintenant l’affreuse réalité.

Darfour... Une bande de terre un peu moins grande que la France, destinée par le Soudan à être coincée à l’Ouest contre la Libye, le Tchad et la République Centrafricaine. Le Darfour : mon vieux dictionnaire n’en consacre qu’une ligne : « Région montagneuse de la partie Ouest de la République du Soudan ».

Depuis quatre ans, une guerre civile s’y est développée. Une guerre civile à sens unique : régime militaire contre population civile. Deux millions cinq cent mille réfugiés qui tentent d’échapper aux viols, aux tortures, aux tueries, à leurs villages qui brûlent. Beaucoup ont trouvé refuge à l’extrême Ouest, à Bahaï, en pleine frontière soudano-tchadienne, pour ne pas alourdir l’ardoise déjà insupportable : 200.000, peut-être 300.000 morts. Ou bien 400.000, puisque, par définition, les tueries sauvages ne tiennent pas de comptabilité. Elles se contentent de permettre qu’on évalue, dans l’approximation.

Peu semble nous importer pourquoi des sauvages piétinent, au sens plein du terme, les âmes et les corps d’êtres humains.

Peu semble nous importer de savoir que le Darfour, c’est - c’était ?! - 6 millions de musulmans et que leurs bourreaux sont également musulmans. Mais, dit-on, à la peau un peu plus claire.

Peu semble nous importer, ai-je envie encore de dire, que les femmes sont violées en série, ainsi que les fillettes dans les écoles, que des enfants sont embrochés sur les baïonnettes. Peu semble nous importer que tout cela, plus les villages livrés aux flammes pour qu’il n’en reste plus rien, est commandité par le gouvernement islamiste de Khartoum, la capitale soudanaise.

Car toutes ces horreurs se passent sous nos yeux, aujourd’hui totalement informés et projetés, grâce aux N.T.I.C., dans cette réalité devenue la routine d’un quotidien qui appartient à un même grand village, notre Terre. Cela se passe dans le champ de nos yeux, mais seulement l’instant de quelques images et de quelques commentaires.

Oui, peu semble nous importer tout cela puisque, une fois que nous avons lu, que nous avons vu et, comme je le fais ici, que nous avons écrit et crié notre horreur, nous laissons notre honte terminer son œuvre : nous couvrir de lâcheté. De la lâcheté des nantis.

Il est vrai que nous n’y pouvons pas grand-chose, lourdement occupés que nous sommes à nous préparer pour la Présidentielle, à rédiger nos règlements européens, à discuter des modalités de la mondialisation qui avance, à compter les milliards de bénéfices que nos multinationales ont réalisés, à prévoir les investissements qu’il convient d’anticiper sans négliger les assemblées générales attendues par les bienheureux actionnaires.

Il est vrai que nous avons nos gros problèmes, la campagne à mener, Sarkozy, Royal ou Bayrou à faire gagner, la LRHB ou la LRF à gérer. D’autant que, le Darfour, c’est où encore ça ?...

Alors, nous reste la dernière solution, puisque, décidemment, ça n’est pas notre affaire : nous demander qu’est-ce qu’il fout le Bon Dieu ?...

Raymond Lauret


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